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REVUE. — CHRONIQUE.


— Un arrêté de M. le préfet de la Seine a prescrit d’enlever, avant le mois d’août prochain, tous les monumens funèbres élevés dans le cimetière de l’Ouest (barrière de Vaugirard), antérieurement à 1824. Quelques-uns de ces monumens ont été érigés à la mémoire d’hommes de lettres morts sans postérité, et dont les tombeaux auraient été ainsi dispersés par les agens de l’administration. L’Académie française ayant été informée de cette circonstance, le secrétaire perpétuel a adressé au préfet de la Seine la lettre suivante, qui honore également l’Académie et la mémoire des écrivains qui en sont l’objet :


« Monsieur le Préfet,

« L’Académie française me charge d’avoir l’honneur d’appeler votre attention bienveillante sur un fait pour lequel on réclame de sa part une intervention qu’elle ne peut exercer que sous la forme d’un avertissement et d’une prière. Parmi les pierres tumulaires dont le déplacement a été ordonné par la préfecture de la Seine sur le terrain de l’ancien cimetière de Vaugirard, se trouvent la tombe et les restes d’un écrivain célèbre, M. de La Harpe, mort sans postérité, et sans représentant de famille.

« Il semble à l’Académie, monsieur le préfet, qu’à défaut d’héritiers directs d’un homme qui a honoré les lettres, sa mémoire, et tout ce qui l’intéresse, demeurent sous la protection de l’état, et des autorités déléguées par lui.

« Si, dans cette pensée, monsieur le préfet, vous jugiez convenable de prendre des mesures pour assurer la translation et le dépôt funèbre dans un autre lieu des restes de M. de La Harpe, l’Académie s’empresserait de s’associer par une députation à ce témoignage honorifique, qu’elle ne peut provoquer que de ses vœux, dans l’intérêt des lettres ; et elle serait reconnaissante de la bonté que vous auriez de lui en donner avis, et de lui indiquer peut-être d’autres dispositions semblables que vous auriez également ordonnées, par respect pour d’autres souvenirs que la même enceinte peut renfermer, et qui toucheraient à la gloire littéraire de la nation, puisque le nom de Colin d’Harleville s’y trouve compris

« Agréez, etc.

« Villemain. »


— Nous ne faisons qu’annoncer aujourd’hui la récente publication que M. Michelet vient de donner de deux volumes, dont l’un continue son Histoire de France[1], et en forme le tome troisième, et dont l’autre est un appendice de cette histoire. Notre vieux droit avait quelques symboles, quelques formules poétiques ; ces formules et ces symboles, dès l’époque de saint Louis et surtout sous Philippe-le-Bel, disparaissent et sont rayés par les légistes. M. Michelet a pensé qu’il serait neuf et piquant d’en exposer l’origine et le caractère, au moment où les traces en vont disparaître. De là son volume

  1. Librairie de Hachette, rue Pierre-Sarrasin.