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POLITIQUE
D’ARISTOTE.[1]

Que la politique soit dans son principe une application légitime et nécessaire de la philosophie de l’esprit humain, voilà une vérité qui reste obscure au début de toutes les civilisations. Les sociétés modernes qui recueillirent l’héritage des sociétés antiques et dont l’existence est un progrès dans la vie de l’humanité, se sont elles-mêmes agitées long-temps, sans s’apercevoir que leurs destinées devaient dépendre de leurs réflexions et de leur volonté. Sur ce point il importe de relever une coïncidence féconde. La renaissance de l’antiquité et les premières lueurs de la réflexion moderne sont contemporaines, de façon que la mémoire et les souvenirs du genre humain, loin de faire obstacle à son originalité, la provoquent et la fortifient. C’est quand l’homme moderne a retrouvé les traces et les titres de ceux qui vinrent avant lui, quand il a contemplé les images, œuvres et gestes de ceux qui agirent et pensèrent fortement, qu’il a senti en lui-même sa force doubler, et le testament des morts accroître sa propre vie. S’il fut nécessaire que l’antiquité parût un instant s’abîmer dans une complète ruine, afin que la religion et les races nou-

  1. Traduction de M. Barthélemy Saint-Hilaire, imprimée par l’imprimerie royale. Chez Treuttell et Würtz, rue de Lille, 17. La Politique forme la première livraison d’une traduction complète des œuvres d’Aristote.