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ORIGINE DES ZODIAQUES.

en avaient placé les symboles, non pas dans le lieu qu’occupe le soleil, mais dans la partie du ciel opposée, de manière que la succession des levers du soir de chaque signe aurait servi à marquer les rapports du soleil et de ces signes, ce qui ramenait l’origine du zodiaque à l’époque où le lion était solsticial et le taureau équinoxial, environ 2,400 ans avant l’ère vulgaire[1]. Dupuis possédait à un trop haut degré l’esprit de combinaison pour ne pas sentir que cette modification, tout hypothétique, dérangeait l’unité de son système, et remplaçait une difficulté par une autre ; aussi ne fut-elle de sa part qu’une concession presque involontaire, qu’il abandonna dans la suite[2]. Ce fut en 1793-1794 qu’il publia son remarquable livre de l’Origine de tous les cultes, où il déploie l’érudition à la fois la plus vaste et la plus confuse, où mêlant, sans critique et sans ordre, les sources de tous les temps, il enveloppe dans son hypothèse favorite la fable et l’histoire, Bacchus, Hercule et saint Denis, les patriarches, Jésus-Christ et ses apôtres.

Quelques années après, lors de la mémorable expédition d’Égypte, on trouva des zodiaques sculptés dans plusieurs anciens temples de ce pays. Cette découverte, faite dans le pays même où Dupuis avait placé l’invention du zodiaque, sur des édifices dont on était loin de pouvoir alors mettre en doute la haute antiquité, devait paraître la confirmation la plus éclatante des idées du savant français ; et, comme pour ajouter à cette remarquable coïncidence, les zodiaques de Dendérah ne commençaient point par le même signe que ceux d’Esneh, différence qui paraissait ne pouvoir s’expliquer que par celle de l’époque même des monumens. Cette circonstance parut décisive pour établir que les Égyptiens avaient eu égard à l’effet de la précession des équinoxes en dressant les zodiaques pour diverses époques.

Je crois superflu de rappeler ici les doctes et consciencieux travaux que la discussion de ces monumens fit naître, les recherches des érudits, les calculs étendus et subtils des mathématiciens, enfin la vive controverse qui s’agita dans toute l’Europe pour déterminer l’époque et l’objet des zodiaques, au moyen de caractères astronomiques que chacun s’efforça d’y découvrir. Il me suffira de dire que tous les savans qui prirent part à cette mémorable dispute, tant les défenseurs de la haute antiquité de ces monumens que les partisans d’une antiquité plus restreinte, trouvèrent, dans la combinaison des

  1. Mémoire sur les Constellations, pag. 30. — Dans l’origine des Cultes, tom. III, p. 340.
  2. Voyez son Mémoire explicatif sur le Zodiaque (Paris, 1806), où il n’est plus question de la chronologie mitigée.