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ORIGINE DES ZODIAQUES.

tue avec succès par les partisans d’une antiquité plus grande. Des inscriptions grecques avaient été recueillies par les voyageurs, sur la façade et dans l’intérieur de quelques temples égyptiens : mais on n’en avait bien déterminé ni le sens ni l’objet. Je me mis à les examiner avec plus de soin et de patience, et leur analyse complète donna enfin la preuve que quelques-uns des édifices sacrés de l’Égypte ont été construits ou décorés sous la domination des Grecs et des Romains.

Ce fait attestait non-seulement la permanence des usages religieux et du caractère des arts propres à l’Égypte sous les dominations étrangères[1], mais encore l’excellente politique des vainqueurs qui, se faisant Égyptiens en Égypte, rebâtirent les temples que les Perses avaient détruits, comme quinze siècles auparavant les Thouthmosis et les Ramsès avaient relevé les édifices sacrés de Thèbes, rasés par les Hycsos. Or, dans le nombre de ces édifices, se trouvent le temple de Dendérah, décoré de deux zodiaques, et le petit temple d’Esneh, dont les sculptures, ainsi que l’atteste une inscription grecque décisive, ne remontent pas beaucoup au-delà des règnes d’Antonin et d’Adrien. Cet édifice renferme l’un des deux zodiaques qu’on regardait comme les plus anciens, et dont on reportait l’exécution à 3000 ans avant Jésus-Christ, c’est-à-dire qu’on les faisait l’un et l’autre d’environ trente siècles trop vieux[2].

Ces faits nouveaux et certains changeaient l’état de la question. Ils lui donnaient enfin une base historique, et l’on pouvait dès-lors prévoir qu’elle allait cesser d’être un champ d’interminables disputes sur le sens d’emblèmes inconnus.

Mais bientôt une découverte inattendue, dont tous les amis des lettres ont été frappés, celle de M. Champollion le jeune, a confirmé tous ces résultats nouveaux. Ce savant philologue est parvenu à lire les signes phonétiques ou de sons de l’écriture hiéroglyphique ; il a déchiffré d’une manière indubitable les noms propres contenus dans les inscriptions égyptiennes gravées sur les monumens, et l’on a vu paraître, sur les temples dont j’avais fixé l’époque d’après les inscriptions grecques, les noms des mêmes Ptolémées, et des mêmes empereurs indiqués dans ces inscriptions[3]. Il a trouvé le nom de l’em-

  1. C’est ce qui fut établi pour la première fois dans un mémoire inséré au Journal des Savans, mars et août 1821.
  2. L’ensemble de tous ces faits est exposé dans l’ouvrage intitulé : Recherches pour servir à l’histoire de l’Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains. Paris, 1823.
  3. Voyez son Mémoire sur les hiéroglyphes phonétiques, lu à l’Académie des Inscriptions, le 22 septembre 1822.