Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
474
REVUE DES DEUX MONDES.

pereur Néron, inscrit auprès de la figure[1] qui tient au zodiaque de Dendérah, d’où il résulte que ce monument a dû être exécuté sous la domination romaine ; enfin, il a reconnu que toutes les sculptures du grand temple d’Esneh, par conséquent le zodiaque qui le décore, appartiennent aux deux premiers siècles de notre ère[2].

C’est ainsi que des recherches, dont les moyens et les procédés sont différens, ont successivement conduit au même résultat sur l’époque relative de quelques monumens égyptiens et des zodiaques qui s’y trouvent. Une caisse de momie, rapportée de Thèbes par M. Cailliaud[3], vint offrir une confirmation nouvelle. Cette caisse contient, dans son intérieur, un zodiaque peint, dont les signes sont disposés et dessinés justement comme ils le sont dans les zodiaques de Dendérah. Déjà les partisans de la haute antiquité de ces monumens s’apprêtaient à démontrer celle de la caisse de momie, lorsque quelques lettres grecques, tracées sur le bord, annoncèrent la présence d’une inscription qui, restituée d’une manière indubitable en ce qu’elle a d’essentiel, détruisit encore une fois toutes leurs espérances, car elle apprit que la caisse avait été faite pour un Égyptien nommé Pétéménophis, mort l’an xix de l’empereur Trajan.

Le zodiaque de cette momie est le cinquième qui soit connu. Un sixième existait sur un propylon à Panopolis, mais malheureusement très mutilé. La description donnée par Pococke montre pourtant qu’il avait un caractère astrologique, analogue au monument appelé le planisphère de Bianchini[4]. Or, le propylon de Panopolis, d’après l’inscription grecque, est aussi du règne de Trajan[5].

Il demeure démontré que tous les zodiaques égyptiens connus, au nombre de six, sont postérieurs au règne de Tibère, et ont été exé-

  1. Voyez sa Lettre insérée dans mes Observations sur les représentations zodiacales, pag. 111-118. — Depuis que ceci est écrit, l’application certaine de l’alphabet de Champollion a beaucoup augmenté le nombre des édifices de la Haute-Égypte qui doivent leur construction aux souverains grecs de ce pays. Ce fait, que Champollion lui-même s’était d’abord refusé à croire, est devenu, grace à son admirable découverte, l’un des mieux constatés de l’histoire. C’est à lui, par exemple, qu’on doit de savoir qu’il n’y a rien de pharaonique parmi les monumens de Philes, à l’exception d’une petite chapelle où se lit le nom de Nectanébo, qui a régné sur la fin de la période persane. On ne peut plus douter que cette île ne contînt d’anciens édifices, qui furent détruits par les Perses au temps d’Ochus, et que les rois grecs firent rebâtir. (Wilkinson, Topogr. of Thèbes, pag. 469.) (Note ajoutée.)
  2. — Ces résultats, indiqués déjà par Champollion dans le Précis du système hiéroglyphique (en 1824), ont été confirmés par lui-même dans son voyage (1828-1830) et par tous les voyageurs instruits. (Wilkinson, Topogr. of Thèbes. London, 1835.) (Note ajoutée.)
  3. Déposée au Cabinet des Antiques.
  4. Au Musée royal des Antiques, numéro 271.
  5. Tous ces faits sont exposés et développés dans mes Observations sur les représentation zodiacales, mars 1824.