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qui fut celle d’une balance, symbole le plus clair de la position du point équinoxial dans ce nouveau signe. La conséquence nécessaire de ce raisonnement est que les zodiaques trouvés en Égypte sont la représentation du zodiaque grec, faite après qu’il fut devenu complet, ce qui est précisément le fait établi par les preuves archéologiques.

Ici commence, dans mon travail, l’application de cette conséquence aux témoignages historiques. En cherchant le rôle que le zodiaque a pu jouer parmi les opinions religieuses et populaires de la Grèce, j’ai trouvé que l’idée de cette bande céleste avait été inconnue aux anciens Grecs ; que les levers et les couchers des astres, dont ils faisaient tant d’usage pour l’agriculture et la météorologie, étaient rapportés, non pas au zodiaque, dont personne ne paraît avoir fait usage en Grèce avant Eudoxe, mais approximativement à certaines époques de l’année, ou bien à la position du soleil dans les points solsticiaux et équinoxiaux.

Tout prouve qu’au temps d’Eudoxe même, le zodiaque ne servait encore qu’aux astronomes. Cette invention nouvelle n’entra dans le cercle des opinions vulgaires ni à cette époque ni dans le siècle suivant ; la religion ne s’en empara point ; le langage poétique y demeura étranger. Dans les nombreux passages où les poètes et les prosateurs, antérieurement au iie ou même au ier siècle avant notre ère, font des allusions, des comparaisons ou des rapprochemens tirés des astres, on ne reconnaît aucune trace de constellations zodiacales. Les images qu’ils emploient sont analogues à celles d’Homère et d’Hésiode. On peut en dire autant des monumens de l’art ; avant l’époque dont je parle, on peut y trouver des allusions à la mythologie astronomique, mais non des représentations des figures du zodiaque caractérisées d’une manière certaine. Celles-ci, qui commencent à se montrer vers le premier siècle avant l’ère chrétienne, ne sont fréquentes que dans le premier, et surtout dans le second siècle après cette ère, à partir du règne d’Antonin-le-Pieux.

Il en a été de même chez les anciens Égyptiens, auxquels le zodiaque, à en juger par leurs monumens originaux, est resté inconnu. Toute leur astronomie, comme celle des Grecs, devait se fonder sur des levers comparatifs d’étoiles à l’horizon[1]. Rien n’y était rapporté à l’écliptique[2].

  1. — Cette vue a été confirmée par le tableau des influences des astres, découvert, en 1829, par Champollion dans les tombeaux de Biban-el-Molouk, à Thèbes. Dans ce tableau, qui nous donne en même temps un curieux exemple de l’astrologie égyptienne, il n’est question que des levers successifs d’étoiles, sans aucune indication d’astérisme zodiacal. (Voyez la Treizième Lettre écrite d’Égypte, pag. 239 et suiv.) (Note ajoutée.)
  2. Cela sert à expliquer comment les Égyptiens ont ignoré la précession des équinoxes.