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ORIGINE DES ZODIAQUES.

savoir quel est celui des deux peuples qui est redevable à l’autre du zodiaque qui leur est commun.

Sans insister sur d’autres preuves, je m’en tiendrai à un argument qui prouve, ce me semble, les droits des Grecs à l’antériorité. On sait qu’à l’origine de la discussion sur l’âge des zodiaques égyptiens, Visconti et l’abbé Testa conclurent l’époque récente de ces monumens de ce qu’ils contenaient le signe de la balance, dont l’insertion dans la sphère grecque est d’une date peu ancienne. Dupuis[1] et d’autres savans répondirent à l’objection en alléguant plusieurs sphères orientales où l’on trouve ce même signe, réponse qui se réduit à peu de chose, puisqu’ils étaient dans l’impossibilité de prouver l’époque antérieure de ces mêmes sphères. On allégua aussi que la balance est figurée souvent dans les bas-reliefs égyptiens, ce qui ne prouve rien du tout pour l’emploi de cet ustensile comme signe zodiacal. Toute la discussion à ce sujet n’a servi qu’à établir un seul renseignement bien positif, c’est qu’au temps d’Aratus et d’Hipparque, le zodiaque grec ne contenait pas encore le signe de la balance, et que cet astérisme n’y a été introduit que vers le premier siècle avant notre ère. Auparavant, la constellation du scorpion formait deux signes, en sorte qu’il y avait douze divisions et seulement onze figures Or, il me semble qu’on n’a point aperçu toute la portée de cette donnée incontestable.

En effet, puisque chez l’un des deux peuples, à une époque quelconque, il existait un zodiaque dont les divisions étaient marquées par douze figures, et que ce zodiaque a passé de l’un chez l’autre, il est indubitable qu’il y aura passé tout entier. Il serait absurde d’imaginer que s’il avait contenu un nombre de figures égal à celui des parties du zodiaque, on ne lui en aurait pris que huit, neuf, dix ou onze ; on les a prises toutes, ou l’on n’en a pris aucune. Le nombre de onze figures, qui existaient dans le zodiaque grec, au temps d’Eudoxe, d’Aratus et d’Hipparque, prouve donc qu’elles n’ont point été empruntées à un peuple qui en aurait connu douze ; conséquemment, que ces configurations ont été imaginées pour la sphère dont elles font partie, bien avant qu’on s’occupât d’une division régulière de l’écliptique, et qu’à l’époque plus tardive où l’on aura commencé à se servir de la division de l’écliptique en douze parties, on aura coupé la plus grande des figures, pour avoir le nombre douze, jusqu’au moment où il aura paru plus simple d’imaginer, une douzième figure,

  1. Il avait été au-devant des objections dans le Mémoire sur les Constellations, pag. 337, 338, tom. iii, de l’origine des Cultes.