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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/487

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ORIGINE DES ZODIAQUES.

fort différentes, les autres ne sont d’aucune époque, et n’ont pu être observées dans aucun temps. Cette sphère, au lieu de prouver une science perfectionnée à l’époque des Argonautes, dépose seulement de l’extrême imperfection de l’astronomie au temps même d’Eudoxe. S’il a mis les points équinoxiaux et solsticiaux au milieu des signes, c’est parce que cette méthode résulte tout naturellement de l’usage élémentaire de diviser le zodiaque par les levers et les couchers des astres. Hipparque, au contraire, « qui avait inventé ou perfectionné la trigonométrie, sentit le besoin de placer le zéro du zodiaque et de l’équateur à l’intersection de ces deux cercles, au point où était l’angle constant du triangle sphérique avec le commencement de l’hypoténuse et de la base. Mais ensuite, pour comparer ses calculs aux nombres d’Eudoxe, il nous avertit qu’il faut ajouter 15° aux arcs qu’il calcule sur l’écliptique. Ainsi les 15° d’Eudoxe ne signifient pas qu’Hipparque et lui eussent placé le solstice en des points différens. Le point était le même, le chiffre seul était changé[1]. » Il n’existe aucune preuve qu’Hipparque lui-même ait inventé le signe de la balance[2] ; mais on peut regarder comme certain que l’époque du changement notable fait par cet astronome dans la graduation des signes a précédé de peu de temps l’introduction de la balance dans le zodiaque. Lorsqu’on eut placé le point équinoxial d’automne au premier degré des serres du scorpion, on songea enfin à couper cet astérisme en deux, pour avoir autant de configurations et de dénominations que de dodécatémories. Or, on ne pouvait trouver un emblème plus clair de l’équinoxe que les deux plateaux d’une balance.

L’usage de nommer l’astérisme des deux manières subsista encore long-temps.

  1. Delambre, Histoire de l’Astronomie ancienne, tom. i, pag. 123.

    — Ces vues remarquables de Delambre ont été adoptées et confirmées depuis par M. L. Ideler, à la fois savant astronome et habile philologue, dans son second Mémoire sur Eudoxe, lu, en 1831, à l’Académie des Sciences de Berlin (pag. 31-35) ; Mémoire où brille la science profonde autant que la critique exacte qui distinguent tous les écrits de l’auteur. (Note ajoutée.)

  2. Dupuis a conclu, de ce que le mot ζυγός, balance, se rencontre dans un traité d’Ératosthène ou d’Hipparque (in Petav. Uranol., pag. 256 sq.), que cette constellation était connue avant cet astronome (Origine des Cultes, tom. iii, pag. 338). Mais ce traité où il est dit qu’Orion se lève le 22 juillet, et le Chien le 7 août (c. 2), est de toute nécessité postérieur à l’établissement du calendrier fixe Julien, c’est-à-dire de plus d’un siècle à Hipparque. C’est une compilation rédigée assez tard. J’y trouve déjà le nom de l’écliptique (p. 264 d.), qui ne se lit point ailleurs, avant Achilles Tatius au ive siècle (c. 23. p. 146 c.). Chez les Latins, on ne le rencontre pas avant Servius (ad Æn. x, 216).

    La plus ancienne citation de la Balance, comme astérisme zodiacal, est dans Varron (Ling. lat., vii, pag. 83 Bip.), et dans Geminus, qui vivait à la même époque.