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REVUE DES DEUX MONDES.

C’est après que la balance eut remplacé les serres, que le zodiaque grec fût introduit dans les temples égyptiens.

On doit donc reconnaître maintenant que tout zodiaque où la balance et le bélier sont des signes équinoxiaux, le cancer et le capricorne des signes solsticiaux, dérive de la sphère d’Hipparque.

Ceci s’accorde avec une autre observation qui n’a point été faite, quoiqu’elle soit importante pour cette question. Les configurations de la sphère grecque ont subi successivement diverses modifications, dont il est facile de s’assurer en comparant les descriptions qui en sont données à diverses époques. Pour se borner aux figures zodiacales, on peut citer le capricorne et le sagittaire. Le premier, comme l’indique son nom grec (αίγόκερως à cornes de chèvre), et comme l’expliquent les anciennes descriptions, était représenté sous la forme humaine, celle de Pan, ou d’un satyre. Le sagittaire était aussi une figure humaine debout, tenant un arc, et ayant deux pieds de cheval. C’est plus tard que le premier devint une chèvre terminée en queue de poisson, figure qui ne paraît sur aucun monument avant le règne d’Auguste ; le second, un centaure, figure tout-à-fait étrangère à l’art, comme à la religion des Égyptiens. Or, cette forme postérieure est celle que ces deux signes affectent sur presque tous les monumens de l’époque romaine, sans excepter les zodiaques égyptiens. Nouvelle preuve de l’introduction tardive du zodiaque en Égypte et de son origine grecque.

vi.

Ici se présente l’argument sur lequel Bailly, Dupuis et leurs partisans ont tant insisté pour prouver l’origine orientale du zodiaque grec. On le trouve, nous disent-ils, soit dans les sphères persique, chaldéenne et indienne, soit dans les livres sacrés des Perses et des Indiens ; donc il vient de l’Orient.

Mais là se montre l’erreur commune qui affecte presque toutes les recherches de ces deux savans hommes. Elle consiste, comme on l’a vu, en ce que, par défaut de critique, ils ont regardé comme fort anciens des monumens dont l’époque récente résulte de leur examen même, ou se sont appuyés sur des textes d’écrivains très récens. C’est le cas de tous ceux qu’ils ont cités à cette occasion.

1o  La plus simple application de la critique fait rejeter les trois sphères tirées d’Aben Ezra par Scaliger[1] et la sphère égyptienne

  1. Ad Manil., pag. 371, sq.