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REVUE DES DEUX MONDES.

Quatre cents étudians fréquentent ordinairement l’université de Lund. Un grand nombre d’entre eux sont pauvres, mais ils ont quelques stipendes et vivent avec une rare sobriété. 600 à 700 francs par an leur suffisent.

Le nombre des professeurs ordinaires est limité ; il y en a toujours eu vingt-un. Celui des professeurs-adjoints est illimité ; il y en a maintenant seize, et vingt-quatre privat-docent, en tout soixante-un.

À la tête de l’université est le chancelier, qui intervient comme juge dans toutes les questions importantes de finance et d’administration. Le prince royal porte le titre de chancelier ; l’évêque de Lund est de droit vice-chancelier.

Les professeurs ordinaires sont nommés par le roi, sur la présentation du consistoire ; les professeurs-adjoints sont nommés par le chancelier.

La juridiction universitaire s’exerce ici de la même manière qu’en Allemagne, par le petit consistoire dans les cas habituels, par le consistoire complet dans les cas plus difficiles, et le jugement qui entraîne une peine grave doit être soumis au roi.

Mais je ne connais pas une université en Allemagne qui ait conservé, comme celle de Lund, ses anciens usages et son ancien caractère. Ici, depuis près de deux siècles, rien n’a changé ; ce sont les mêmes cérémonies dans toutes les circonstances, les mêmes fêtes naïves et le même esprit religieux. Les professeurs font la prière en commençant et en finissant leurs leçons de chaque jour, et les solennités universitaires se célèbrent au son des cloches. Quand un étudiant a passé son examen de promotion, on le conduit à l’église, et toutes les facultés et les étudians se rassemblent autour de lui ; le professeur qui remplit les fonctions de promoteur adresse au nouvel élu une harangue latine ; puis les cloches sonnent, les musiciens placés dans la tribune chantent un chant de joie. Le promoteur remet à l’étudiant le chapeau de docteur, symbole de sa dignité, l’anneau d’or qui le fiance à l’étude, et un livre de science. Ensuite le prêtre célèbre l’office divin, et la cérémonie se termine par un dîner auquel assistent les professeurs. L’évêque y vient aussi avec sa croix d’or sur la poitrine, comme pour bénir la nouvelle voie dans laquelle l’étudiant va entrer. Le recteur magnifique s’asseoit à côté de l’évêque, et le jeune docteur prend place au milieu de cette savante assemblée. Il n’est plus étudiant ; il est maître. Ses condisciples de la veille le regardent avec respect, et ses anciens professeurs le saluent comme un jeune frère. Dans quelques années, il sera peut-être aussi professeur, il fera des élèves, il assistera à leur promotion, et il se souviendra toujours de la matinée auguste où il a reçu son diplôme, et de la cérémonie religieuse qui l’a consacré.

Le recteur change à chaque semestre. Il est élu par le consistoire et confirmé par le chancelier. Son installation se fait toujours avec une grande pompe. La veille du jour où elle doit avoir lieu, le recteur dont les fonctions expirent, adresse à ses collègues un sommaire historique de tout ce qui est arrivé à l’université pendant le temps de son administration. Le