Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/636

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
632
REVUE DES DEUX MONDES.

cabinet actuel, ni un de ses amis sincères, qui a pu concevoir une telle pensée. Il se peut que quelques-uns des membres les plus influens du parti doctrinaire entrent à la chambre dans les prochaines élections ; mais le ministère ne concourra certainement à l’élection d’aucun d’eux, et ceux qui ne pourraient avoir de majorité dans les colléges qu’avec l’appui du ministère, resteront en arrière, nous ne pouvons en douter. Le ministère sait bien que chaque doctrinaire qu’il appuierait lui coûterait dix voix, et qu’il ne gagnerait même pas celle du doctrinaire qu’il aurait fait nommer.

En fait de suppositions injustes, il nous resterait encore beaucoup à dire. Nous dira-t-on, par exemple, le juste degré d’impudence où sont arrivés quelques journaux français ou étrangers, qui ont affirmé, avec toute l’honnêteté et la sincérité dont ils sont susceptibles, que M. Gretsch, conseiller de l’empereur de Russie, s’était fait introduire près des rédacteurs du Journal des Débats et de la Revue des Deux Mondes pour faire agréer quelques-uns de ses articles politiques sur la Russie, soumis à la censure russe ? Nous ne connaissons M. Gretsch que pour l’avoir vu une fois dans nos bureaux, où il ne s’est fait introduire par personne. M. Gretsch s’est présenté à nous en présence de plusieurs témoins. Il nous a offert quelques articles littéraires que nous n’avons ni refusés ni acceptés, parce que nous ne les avons pas vus ; il n’a jamais été question de traité entre lui et nous, et nous avons lieu de croire qu’il en a été ainsi au Journal des Débats, où M. Gretsch n’a peut-être jamais paru, et où il n’a été présenté par personne. Toute assertion contraire à ce que nous avançons ici est fausse, mensongère, inventée à plaisir, et nous défions tous les journalistes de ce côté du Rhin et de l’autre de citer un seul fait à l’appui de leurs calomnies. Nous avons inséré dernièrement un mémoire d’un de nos collaborateurs, fait consciencieusement, signé de lui, et fruit d’un long voyage. Il est vrai que dans ce mémoire, l’auteur n’avait pas jugé à propos, pour plaire à quelques prétendus libéraux, de traiter l’empereur Nicolas de Cosaque et de Tartare ; mais il prouvait, avec des formes convenables et polies, que la Russie, gênée par les dépenses exorbitantes de sa flotte, par les suites de ses guerres en Pologne et en Orient, engagée, depuis peu, dans la voie du crédit public où elle n’avait pas encore fait un seul pas avant ce règne, ne peut s’ériger en arbitre violent et despotique des puissances européennes. C’était démontrer que la France est libre d’agir comme bon lui semble en Espagne et en Afrique, qu’elle ne doit écouter que la voix de ses intérêts nationaux, et ne pas redouter les volontés hautaines d’une puissance qui ne domine ni l’Autriche, ni la Prusse, comme on l’a cru, et qui a assez d’embarras intérieurs pour ne pas s’en créer capricieusement de plus grands au dehors. Voilà le pamphlet russe qui a été victorieusement réfuté, à coups d’injures et de calomnies, par d’honorables publicistes qui n’ont pas daigné le lire, et qui nous a valu des accusations dont nos lecteurs feront, comme nous, justice par le dédain. Nous continuerons désormais nos publications sans répondre à ces lâches turpitudes ; nos investigations se porteront, avec im-