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gnifiques existaient encore ; mais la plus grande partie a été employée à des constructions faites à Constantinople et aux Dardanelles. Après cette exploration de la colonie d’Alexandre, le maréchal se rendit à son bâtiment qui l’attendait sur la côte ; il avait, à peu de distance, l’île de Ténédos, placée comme un point d’observation en face de l’embouchure de l’Hellespont, et Lemnos qu’il désigne comme destinée à devenir le boulevard de l’Occident et le point d’appui de la puissance maritime qui tiendra un jour en échec les forces de la Russie, au débouché de ces passages.

Smyrne, qui fut la première station du voyageur se dirigeant vers la Syrie, a une origine antérieure aux siècles historiques. On dit qu’une Amazone fonda la ville, et lui donna son nom qu’elle n’a jamais perdu. Les Lydiens la détruisirent ; Alexandre la rebâtit. Sous les Romains, elle fut florissante. Strabon, cité par le maréchal, l’appelle la plus belle de toutes les villes, et les successeurs d’Auguste la couvrirent d’une protection spéciale. Dans le xie siècle, elle tomba au pouvoir des musulmans, puis elle retourna sous la domination des empereurs grecs. En 1402, Tamerlan, qui ravageait l’Asie, parut devant Smyrne et s’en empara en quatorze jours. Elle devint bientôt après la conquête de Mahomet Ier, et elle est restée depuis ce temps incorporée à l’empire ottoman dont elle est, pour ainsi dire, l’unique place de commerce. Placée au milieu des pays les plus fertiles, elle est le lieu naturel par lequel les exportations doivent s’opérer, elle est sur la route la plus fréquentée et la plus courte qui mène dans l’intérieur de l’Asie. La population est composée de Turcs, de Grecs, d’Arméniens, de Juifs et d’Européens. Les femmes y sont d’une beauté ravissante, et l’esprit grec y domine.

Le maréchal aurait voulu visiter Scio, mais une quarantaine qu’il aurait fallu subir le fit renoncer à ce projet. Cette île, dont le développement est de cent vingt milles environ, est dominée à son centre par une montagne élevée, sans culture et même sans végétation ; mais elle a de fertiles vallées, et des vignes qui produisent un vin célèbre ; aussi exquis aujourd’hui qu’il l’était dans l’antiquité. C’était le vin de César. La population de Scio avait été nombreuse et riche jusqu’à la guerre de l’indépendance hellénique, et jusqu’aux horribles massacres de 1826. N’ayant point fait à Scio la station projetée, le voyageur se dirigea sur Scala-Nuova, petite bourgade, port de commerce, aux environs duquel sont les ruines d’Éphèse.

Ass-Éalout n’est pas l’ancienne Éphèse, quoi qu’en aient dit plusieurs voyageurs ; il n’en était qu’une dépendance, l’un de ses fau-