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REVUE. — CHRONIQUE.

musiciens qui écrivent aujourd’hui pour l’Opéra-Comique voulussent bien se régler sur ce modèle et composer leur musique dans de semblables dimensions. La partition du Duc de Guise est un chef-d’œuvre de style, et cela sans affectation scholastique ; à peine si dans l’ouverture on trouve un motif traité en fugue ; c’est la science la plus pure et la plus aimable, la science qui se sait assez forte pour être naïve et ne point afficher, à tous propos, ces formules de Conservatoire dont nul ne se soucie aujourd’hui. Cependant, il faut le dire aussi, cette musique manque un peu d’invention dans le rhythme, et la mélodie n’a que trop souvent rien à faire avec les beautés qui la distinguent. On sent trop constamment chez le maître des préoccupations instrumentales funestes à la voix ; quand M. Onslow aurait négligé, pendant qu’il écrivait le Duc de Guise, de se souvenir qu’il a fait d’admirables quatuors et de fort belles symphonies, le public ne l’aurait pas oublié pour cela. M. Onslow apporte à la scène des habitudes de symphonie tout comme d’autres des habitudes de romances et d’ariettes ridicules. À Dieu ne plaise que je veuille ici faire des comparaisons ! M. Onslow est placé trop haut pour cela ; et d’ailleurs il pourrait invoquer pour lui l’exemple de Beethoven, ce qui ne l’excuserait pas à mon sens. Du reste, pour témoigner de la vérité de ce que j’avance, il suffit de citer le meilleur morceau de l’ouvrage, celui que le public recherche surtout avec amour, et qui est tout simplement un fragment de symphonie ; je veux parler d’un entr’acte où l’effet des sourdines, si heureusement traité par Weber dans l’ouverture d’Eurianthe, se trouve mis en œuvre avec un bonheur rare, et produit l’effet le plus curieux. Il est impossible de rendre plus habilement la sombre et froide mélancolie d’une nuit de décembre en pleine campagne. Le vent pleure et gémit dans les bruyères, la pluie tombe, la grêle bat les vitres ; c’est de la musique imitative à la manière de la symphonie pastorale de Beethoven.


F. BULOZ.


ERRATA DU ONZIÈME VOLUME.

Pag. 389, ligne 2, au lieu de : Phedon, lisez : Phèdre.
 392,  18, au lieu de : d’histoire, lisez l’histoire.
 394,  27, au lieu de : Protagas, lisez Protagoras.
 405,  21, au lieu de : ses moyens, lisez les moyens.
 595,  15, au lieu de : Pasley, lisez Paisley.