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ORGANISATION FINANCIÈRE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

L’ordre social est, en Angleterre, d’un entretien bien autrement dispendieux qu’aux États-Unis, où tout homme a devant soi le désert pour domaine, et où tout travail est récompensé par un salaire élevé. La Grande-Bretagne a d’ailleurs un passé à liquider, fardeau énorme et qui lui arrache annuellement plus de 700,000,000 de francs. Nous ne saurions donc prévoir une époque dans l’avenir, où l’impôt chez nos voisins se simplifie jusqu’à l’unité. Mais nous croyons qu’il tend à se réduire à deux principales branches, savoir, aux douanes et à l’enregistrement, et dans chacune de ces divisions, à un petit nombre d’articles principaux.

Les réductions ou les suppressions opérées dans l’impôt depuis cinq ans ont atteint, en grande partie, les taxes de l’excise ; elles s’élèvent à plus de 100,000,000 de francs. À mesure que l’on s’occupera davantage de déférer au vœu public, l’on sera obligé d’insister dans cette voie. Nous remarquons, d’un autre côté, que chaque diminution dans les droits des douanes (accise) a été suivie d’un accroissement du revenu. Il n’y a donc point de danger à poursuivre la réforme économique sur le même plan. Tôt ou tard, la taxe sur le thé sera comprise dans les droits de douane, et l’on supprimera l’excise sur les boissons, qui est, de toutes les contributions indirectes, la plus pesante et la plus détestée. Alors, et quand les taxes ne seront plus levées qu’à la frontière maritime, les Anglais auront réalisé, en matière d’impôt, l’idéal du self-government.

Le budget, dans nos idées, représente l’ensemble des recettes et des dépenses autorisées pour l’année ; en ce sens, on pourrait dire que l’Angleterre n’a pas de budget. La partie du système financier qui porte le nom de fonds consolidé se compose, en effet, de dépenses votées pour ainsi dire à perpétuité, et d’impôts destinés à y pourvoir, qui ne sont jamais remis en question. Sauf la révision des tarifs, et les modifications qu’exige de temps en temps l’assiette ou la perception d’un impôt, la prérogative des chambres ne s’exerce pas annuellement sur les taxes qui sont la source du revenu public. À l’exception du droit sur le sucre qui produit environ 75,000,000 de francs, et que l’on considère comme un supplément de ressources (supply), tous les impôts sont permanens.

Les dépenses imputées par privilége sur le fonds consolidé sont : 1o  les intérêts de la dette inscrite, 2o  la liste civile, 3o  les dotations, 4o  certaines pensions et annuités, 5o  les traitemens de la diplomatie et les cours de justice. Toutes ces dépenses, permanentes comme les taxes qui doivent y pourvoir et affranchies pareillement du vote an-