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REVUE. — CHRONIQUE.

l’autorisation de créer, jusqu’à concurrence du déficit, des billets du trésor de 100 dollars au moins (533 francs) chacun, portant intérêt à six pour cent. Au reste, nous le répétons, le commerce est abandonné à lui-même par le gouvernement fédéral, si ce n’est qu’on propose d’accorder un nouveau délai de six mois pour l’acquittement en numéraire de toutes les obligations envers le trésor ; cependant il est possible que dans le cours de la session, il se développe quelque plan combiné de manière à préparer une solution plus favorable, et on croit que M. Rives, ancien ministre des États-Unis en France, et qui se trouve à Washington le chef d’un parti mitoyen entre l’opposition et le gouvernement, s’occupe d’un projet destiné à remplir ce but.

Ces détails incomplets sur une question fort aride manquent peut-être d’intérêt ; mais toute la vie, toute la prospérité d’un grand peuple sont là pour le moment. De la Nouvelle-Orléans aux frontières du Canada, cette question aride passionne les esprits et les cœurs aussi fortement que peuvent le faire ailleurs les conquêtes, la gloire, la liberté ; et après tout, elle vaut nos misérables querelles de coteries. L’Europe elle-même n’a pas le droit d’y demeurer étrangère, et si le revenu de l’Angleterre pendant l’année 1837 (du 10 octobre 1836 au 10 octobre 1837), dont on vient de publier le tableau, présente un déficit de plus de cinquante millions de francs sur celui de l’année précédente, la crise financière et commerciale qui préoccupe les États-Unis est pour plus de moitié dans ce déplorable résultat.


— Une discussion s’est élevée dans les journaux quotidiens entre M. Augustin Thierry et M. Nisard au sujet du travail que la Revue a publié le 1er  octobre sur Armand Carrel. La Revue regrette sincèrement de n’avoir pu prévenir cette discussion, qui nous paraît résulter d’un malentendu entre deux honorables écrivains. M. Nisard a, en toute occasion, professé trop d’admiration pour l’illustre historien, pour qu’il soit entré dans sa pensée d’attribuer à Carrel une part quelconque dans la composition ou l’exécution de l’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands. C’est ce que démontrera, nous l’espérons, à tous les esprits désintéressés l’ensemble du travail de M. Nisard.

LA CHAIRE D’ARCHÉOLOGIE ÉGYPTIENNE DU COLLÉGE DE FRANCE.

Une chaire d’archéologie a été créée au Collége de France, dans le mois de mars 1831. Voici les circonstances qui donnèrent lieu à cette fondation nouvelle.

Chargé d’aller sur les rives du Nil recueillir les matériaux d’un supplément au magnifique ouvrage publié par la commission d’Égypte, M. Champollion avait accompli cette mission. Il était de retour à Paris, possesseur d’une riche collection de dessins, ayant fait beaucoup pour la science et regrettant que les premières atteintes du mal auquel il succomba plus tard, ne lui eussent pas permis de faire davantage. Son absence avait duré deux années ; il en eût fallu le double pour remplir la tâche qu’il s’était proposée. D’autres, nous l’espérons, pourront quelque jour conduire à fin cette œuvre que la souffrance l’obligea de laisser inachevée.

L’importance des résultats obtenus par M. Champollion dans le cours de ses tentatives pour interpréter, à l’aide de la langue égyptienne, les écritures antiques, l’importance de ces résultats, disons-nous, parut assez