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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/257

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REVUE. — CHRONIQUE.

nue possible ; l’intérêt des études égyptiennes, pour lesquelles le gouvernement a tant fait jusqu’à ce jour, la demande, l’exige. Il n’en faut pas davantage, nous en sommes certains, pour prévoir l’avis qui sera donné par les professeurs du Collége de France et par les membres de l’Académie des Inscriptions ; il n’en faut pas davantage pour qu’il nous soit permis de préjuger la décision du ministre.

R.-F.


AVENTURES OF CAPTAIN BONNEVILLE, OR SCENES BEYOND THE ROCKY MOUNTAINS OF THE FAR WEST, by Washington Irving[1].

Les Montagnes Rocheuses ont été pendant les années 1832, 1833 et 1834, le théâtre d’une entreprise aventureuse dont la relation est appelée, nous n’en doutons pas, à un légitime succès. Nous voulons parler de l’expédition du capitaine Bonneville à l’ouest des États-Unis d’Amérique, et par delà ces montagnes. Le héros de cette audacieuse campagne appartient à la France par son origine. Fils d’émigré, M. Bonneville est entré au service de l’Amérique après avoir terminé son éducation à l’école militaire de West-point. Dans ses cantonnemens de l’ouest, il a eu plus d’une fois l’occasion de s’entretenir avec des marchands indiens et des pionniers du désert. Le récit de leurs aventures, le tableau qu’ils lui traçaient de régions inconnues et magnifiques, éveillèrent dans l’ame du capitaine d’impatiens désirs qui se convertirent bientôt en une ferme résolution. Une entreprise ayant pour but d’explorer les Montagnes Rocheuses devint l’unique objet de ses pensées. Il obtint un congé de deux ans ; il fit approuver son expédition par le major-général Macomb : une compagnie de New-York fournit les fonds nécessaires. Tout obstacle étant levé, le capitaine Bonneville partit en mai 1832 pour ne revenir que dans l’automne de 1835. À son retour, il se trouva rayé des contrôles de l’armée. Le quartier-général de Washington, n’ayant reçu de lui aucune nouvelle, l’avait regardé comme mort et définitivement perdu. Ce ne fut qu’après plusieurs mois de démarches que le capitaine obtint d’être considéré de nouveau comme faisant partie de l’armée. Il fut cantonné au fort Gibson, sur la frontière occidentale des États-Unis. Nous devons aux loisirs forcés qui l’attendaient à son retour le récit détaillé de cette campagne de trois ans dans le désert.

M. Washington Irving, chargé par le capitaine de la publication de son manuscrit, lui a fait subir diverses modifications dont il rend compte dans une introduction intéressante. Ainsi, la narration de M. Bonneville a été entremêlée de détails et de faits recueillis dans les conversations et les journaux de ses compagnons. Nous ne blâmons pas non plus l’élégant écrivain d’avoir cherché, comme il l’avoue lui-même, à donner le ton et la couleur à un récit sèchement exact. Il y a de la grâce sans recherche dans la manière de M. Irving. Sans atteindre à l’énergie de Cooper, il peint avec élégance, et décrit avec précision. Les voyages de M. Bonneville ont acquis sous cette plume habile un nouvel intérêt ; hâtons-nous de dire qu’ils n’ont rien perdu de leur valeur comme ouvrage sérieux et journal de recherches.

  1. vol. in-8o. La traduction des Aventures du capitaine Bonneville se trouve à la librairie de Charpentier, rue des Beaux-Arts, 6.