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LES PREMIERS
RÉFORMISTES D’ÉCOSSE.

L’histoire de la réforme politique en Angleterre est curieuse et par elle-même et comme histoire de l’esprit public anglais. On y voit tout ce que peut la persistance de volonté d’un peuple. On voit naître une idée, cette idée se formuler, les formules de cette idée varier à l’infini sans que jamais l’idée varie. La réforme, telle est l’idée, tel est le mot d’ordre populaire ; la réforme, telle est la bannière que suit une partie de la nation. Un jour cette bannière est abattue et foulée aux pieds ; le lendemain elle se relève radieuse, et marche devant un peuple assuré de la victoire. Enfin, après des vicissitudes sans nombre, des alternatives infinies de revers et de succès, la voilà qui flotte sur les vieilles tours de Westminster-Hall, arborée par la main du peuple ? non : par la main de ses mortels ennemis !

Si cette histoire est curieuse dans son ensemble, elle ne l’est pas moins dans ses détails. Ses commencemens sont pleins d’intérêt, en Écosse surtout. Ce fut en effet dans la partie la plus remuante du Royaume-Uni que les tentatives des novateurs furent le plus audacieuses et le plus sévèrement réprimées ; ce fut là que le pouvoir ne craignit pas d’engager la lutte ; ce fut là que la persécution frappa, sinon les plus nombreuses, du moins les plus courageuses et les plus nobles victimes.

Le contre-coup de la révolution américaine et de la révolution française avait vivement remué la Grande-Bretagne. L’Angleterre mécontente, l’Irlande toujours opprimée, l’Écosse soumise, mais menaçante, avaient salué avec enthousiasme l’ère de la régénération des peuples. L’Angleterre et l’Irlande s’étaient sur-le-champ couvertes