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elles avaient franchi ensemble l’intervalle qui sépare un changement de ministère d’un changement de dynastie. La coalition de 1837 n’a certainement pas la même portée ; mais il sera difficile à ceux qui l’ont provoquée de la rompre quand ils le voudront, car ce serait s’isoler, et courir au suicide pour éviter la contagion.

Dans le mouvement des partis politiques, nous ne connaissons d’alliances fortes et honorables que celles que l’on peut avouer hautement. Du moment où le comité s’est cru obligé de dissimuler ou d’atténuer ce qu’il avait fait, lorsque M. Laffitte et M. Mauguin, en s’asseyant à côté de M. Garnier-Pagès, ont senti la nécessité de décliner toute solidarité de doctrines avec leur nouvel allié, dès ce jour la position n’a plus été tenable pour aucun d’eux. Ils se sont condamnés à des explications et à des apologies sans fin, oubliant qu’une situation est déjà fausse quand il faut l’expliquer au public, qui ne la comprend pas.

Voyez en effet la contradiction : l’on prétend que la coalition représentée par le comité n’est pas une alliance de principes, que les hommes qu’elle réunit, faisant abstraction de leurs opinions politiques, n’ont d’autre but que d’obtenir des députés indépendans, et de sauver la pureté des élections. Cela étant, nous ne concevons pas que l’on ait décliné l’alliance des légitimistes en se résignant à celle des républicains. Pourquoi exclure M. Berryer, si l’on admet M. Garnier-Pagès ? L’un et l’autre ne sont-ils pas à une égale distance de l’établissement du 7 août ? Et quand on professe l’indifférence des opinions, est-il permis de faire acception des personnes et des partis ?

Nous remarquons, à l’honneur des puritains, qu’ils n’ont pas été conséquens avec eux-mêmes. La raison l’a emporté sur la logique. C’était assez d’une monstruosité telle que l’alliance d’un parti publiquement hostile au principe du gouvernement ; ils n’ont pas voulu en commettre une plus grande, en pactisant avec des hommes qui ont besoin de l’étranger. Grâces leur soient rendues de ce que leur haine pour le pouvoir actuel ne va pas jusqu’à les réconcilier avec les ennemis d’une révolution qui est leur plus beau titre à la reconnaissance du pays.

Le comité s’autorise des exemples de 1827, pour affirmer que les partis les plus opposés de principes et d’intentions peuvent faire alliance ensemble pour changer une majorité qui leur paraît corrompue. Il se plaint de ce que l’on blâme aujourd’hui ce que l’on approuvait alors, et pense établir entre les époques et les circonstances une parfaite parité. Il est vrai que la société Aide-toi, le Ciel t’aidera,