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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/433

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HOMMES D’ÉTAT DE LA GRANDE-BRETAGNE.

pas laisser confondre leur nom avec celui d’un réformateur très peu populaire dans les classes supérieures de la société, reprirent, vers le milieu du siècle dernier, le nom de Wellesley. Quoi qu’il en soit de tout ceci, la famille Wellesley n’eut son premier titre qu’en 1746, dans la personne de Richard Colley Wellesley, aïeul du duc de Wellington, qui fut alors créé baron Mornington ; son fils est devenu le vicomte Wellesley, et par un concours d’honneurs qui ne se rencontra jamais dans aucune autre famille, à l’exception des Boyle, Irlandais aussi, les quatre enfans du vicomte Wellesley ont été en même temps pairs du Royaume-Uni. Ce sont : Richard, marquis de Wellesley, l’aîné de la famille, homme d’état dont le nom, bien connu en Europe, s’est trouvé mêlé à toutes les grandes affaires de son pays, au dedans comme au dehors, pendant une longue suite d’années ; William, le second, fait, en 1821, pair d’Angleterre, du titre de baron Maryborough ; le duc de Wellington après lui, et enfin, le plus jeune des quatre, Henri, créé, en 1828, baron Colley ou Cowley, qui a parcouru la carrière diplomatique[1]. Au milieu des Grey, des Beauclerk, des Russell, la noblesse du duc de Wellington est donc de fraîche date ; mais l’homme qui a jeté le plus d’éclat sur cette noblesse nouvelle, n’en est pas moins aujourd’hui le représentant le plus élevé du parti aristocratique en Europe, comme si le champ de bataille de Hastings avait vu l’un de ses ancêtres combattre et vaincre auprès de Guillaume-le-Conquérant.

Arthur Wellesley, duc de Wellington, est né en Irlande, à Dangan-Castle, résidence de sa famille, dans la même année que Napoléon et Canning, le 1er mai 1769. Qui eût prédit alors à la vieille Europe, inerte et fatiguée, son orageux avenir dans l’avenir de ces trois enfans ?

L’éducation du jeune Wellesley fut ébauchée à Eton-School ; mais comme on le destinait à la carrière des armes et que l’Angleterre offrait trop peu de ressources pour l’instruction militaire, il fut bientôt après envoyé en France, au collége militaire d’Angers[2], où il étudia quelque temps. Entré de bonne heure au service, le crédit de sa famille lui fit rapidement traverser les grades inférieurs, et en 1794, il fit sa première campagne dans l’armée du duc d’York. Il y commandait une brigade à l’arrière-garde, et se distingua, dans la malheureuse retraite de Hollande, par son courage et son activité.

  1. Lord Cowley avait obtenu, en 1834, l’ambassade de Paris, qu’il a remplie durant le court interrègne du parti whig jusqu’en 1835.
  2. Il y avait effectivement à Angers, avant la révolution, une académie principalement consacrée aux exercices et aux connaissances les plus nécessaires dans la profession des armes, où l’Angleterre envoyait ordinairement plus d’élèves que la France elle-même.