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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/434

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REVUE DES DEUX MONDES.

Mais ce n’était pas en Europe, c’était dans nos guerres de l’Inde que le jeune Wellesley devait jeter les premiers fondemens de sa fortune militaire. En 1797, il arriva dans l’Hindostan avec le grade de lieutenant-colonel, et il y eut à peine mis le pied que la plus brillante perspective s’ouvrit devant ses yeux ; car son frère aîné, lord Mornington, depuis marquis de Wellesley, fut investi l’année suivante des hautes fonctions de gouverneur-général, et vint en cette qualité résider à Calcutta. À l’arrivée de lord Mornington, la compagnie était en paix avec les puissances voisines ; mais la guerre connue dans l’histoire de nos possessions orientales sous le nom de seconde guerre de Mysore, éclata, moins d’un an après, entre la compagnie et le brave, mais insensé, Tippoo-Saïb. Il y avait déjà long-temps que ce prince indien, barbare qui alliait un caractère énergique à un esprit très artificieux, et une impétueuse férocité à la plus extravagante imagination, méditait contre l’Angleterre ses projets de vengeance. Tippoo-Saïb s’était assuré la coopération de quelques officiers français au service du prince des Mahrattes, qu’on appelait le Nizam, et il espérait, par leur entremise, obtenir l’assistance de ce puissant souverain. Mais les négociateurs de la compagnie réussirent à faire échouer son plan. Le Nizam, aidé par les résidens anglais, désarma et dispersa les Français ses alliés, dont il commençait à être jaloux, et joignit ses forces aux nôtres. Tippoo-Saïb, réduit à la dernière extrémité par l’union de ces deux formidables ennemis, se défendit avec le courage du désespoir. Dans l’expédition dirigée contre Seringapatam, capitale de ses états, Wellesley avait le commandement des troupes alliées du Nizam ; et ce ne fut pas sans quelque mécontentement qu’on vit un officier si jeune élevé tout d’un coup si haut, de préférence à plusieurs autres qui comptaient de plus anciens services, notamment le brave sir David Baird, aux ordres duquel on n’avait mis que trois brigades, bien qu’il eût un grade supérieur. L’expédition se termina par la prise de Seringapatam, et cette courte campagne marque dans la vie du duc de Wellington par un évènement qui a fait grand bruit, mais dont ses biographes ont donné plusieurs versions différentes.

Le général Harris, commandant en chef, l’avait détaché avec son régiment, le 33e d’infanterie, pour emporter, à la faveur de la nuit, un petit bois fortifié, désigné sous le nom de tope dans la langue militaire de l’Hindostan. L’attaque a lieu ; mais les retranchemens à emporter sont plus forts qu’on ne le croyait, et le 33e accueilli par un feu très vif et bien nourri, recule en désordre. Wellesley se trouve