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REVUE DES DEUX MONDES.

— Sous le titre d’Essai sur la Métaphysique d’Aristote, M. Félix Ravaisson vient de publier le premier volume d’un ouvrage couronné par l’Académie des sciences morales et politiques. Cette première partie forme déjà un tout complet. Elle comprend, outre une analyse détaillée de l’ouvrage d’Aristote et de curieuses dissertations sur son authenticité, une très remarquable restitution de la théorie du philosophe grec sur la métaphysique ou philosophie première. Cette publication sévère et consciencieuse se recommande par un style net et élevé, et aussi par toutes les qualités désirables d’érudition et de solidité. Quant au fonds même du livre, il en sera plus au long question quand nous rendrons compte du travail de M. Ravaisson. La Revue a déjà consacré un article à la Politique d’Aristote ; et en parlant de sa Métaphysique, c’est-à-dire de son ouvrage fondamental, elle ne fera que se conformer au retour général des esprits, en France et en Allemagne, vers les écrits, à tort oubliés, du philosophe de Stagyre.


— Nos lecteurs n’ont pas oublié divers épisodes sur l’Espagne, de M. Ch. Didier, insérés autrefois dans la Revue. L’auteur a depuis complété son travail, et vient de le réunir sous le titre d’Une année en Espagne[1]. Deux qualités fort distinctes, une appréciation mâle et vigoureuse des faits, des hommes et de la réalité, et un enthousiasme politique sombre et sévère se font remarquer dans cet ouvrage. M. Charles Didier est à la fois peintre et homme de parti, et il y a dans son livre de quoi satisfaire tant la curiosité de ceux qui se plaisent surtout au spectacle et au déshabillé des choses, que les sentimens des hommes qui aiment à voir l’histoire devenir une vengeance et une prophétie menaçante. Nous examinerons une autre fois plus en détail le nouvel ouvrage de notre collaborateur.



Mouvement des Sciences.

La science en France, aujourd’hui, se trouve presque entièrement concentrée à Paris, et l’Institut est presque le seul lieu public où il en soit question. L’immense publicité qu’ont reçue les séances de cette académie par le compte rendu hebdomadaire de ses travaux, qui, pour quelques personnes est un registre d’annonces gratuites, et l’analyse de ses séances donnée dans les divers journaux quotidiens, exercent une attraction puissante sur tous ceux qui ont besoin d’entretenir d’eux-mêmes le public ; aussi la foule des lithotriteurs, des orthopédistes et des autres médecins adonnés à des spécialités, est accourue pour participer à cette publicité et à la large curée

  1. vol. in-8o, chez Dumont, au Palais-Royal.