Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/526

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
522
REVUE DES DEUX MONDES.

lacustre, exploité à Château-Landon, est ou n’est pas d’une formation plus récente que les grès de Fontainebleau. Cette localité, depuis quinze ans, a été observée soigneusement par plus de vingt géologues distingués. La question semblerait devoir être résolue tout d’abord : eh bien ! M. Prévost et M. Élie de Beaumont sont sortis de cette sorte de champ clos, remportant chacun son opinion tout entière, de sorte que l’on devrait marquer d’une balise ce maudit calcaire de Château-Landon pour en éloigner désormais les géologues.

Cependant on recherche avidement en Amérique et en Europe les preuves d’un soulèvement ou d’un abaissement graduel du sol, preuves que l’on trouve aujourd’hui si évidentes aux bords de la mer Baltique, et qui doivent introduire assurément de nouveaux élémens dans l’étude du décroissement des températures locales.

On a récemment signalé dans la péninsule Scandinave un phénomène géologique d’où l’on pourra tirer des conséquences très importantes, s’il vient à être constaté dans d’autres localités. M. Sefstroem, directeur des mines de Fahlun en Dalécarlie, le même qui naguère découvrit le dernier corps simple de la chimie, qu’il nomma vanadium, ayant observé que toutes les sommités des roches primitives, quand elles sont découvertes ou déblayées, se montrent arrondies d’un seul côté, polies et creusées de rainures dirigées dans le même sens, a supposé que c’était le résultat d’un immense courant antédiluvien, dont la profondeur aurait été au moins de quinze cents pieds, à en juger par l’élévation des points sur lesquels il a exercé son action. Les blocs de pierre, entraînés par un courant si puissant, auraient, en s’arrondissant eux-mêmes, usé les roches sur lesquelles ils glissaient rapidement ; une partie de ces blocs se trouve encore en amas considérables dans toute la Suède, où ils sont restés déposés de l’autre côté des mêmes montagnes, qui faisaient obstacle au courant ; les autres, entraînés à des distances plus considérables par le courant qui venait du nord-nord-est, sont épars dans les plaines du nord de l’Allemagne ; c’est ce qu’on nomme les blocs erratiques.

On peut bien penser que de tels courans ont dû jouer un grand rôle dans les dernières révolutions de la surface du globe ; cependant M. Agassiz de Neuchâtel, qui s’est fait un nom par ses belles recherches sur les poissons fossiles, propose d’expliquer d’une autre manière le poli que présente, en quelques endroits, la surface des roches. Il a reconnu dans les Alpes que les blocs de pierre poussés par le pied des glaciers, et qui forment ces larges amas nommés des moraines, agissant concurremment avec la glace, ont poli complètement les roches sur lesquelles ils s’appuient : conséquemment il veut attribuer à des glaciers qui ont cessé d’exister depuis long-temps les surfaces polies qu’on observe sur tout le revers méridional du Jura, en face des Alpes, et il regarde les blocs erratiques qui reposent sur ces surfaces, comme des restes d’anciennes moraines ; il suppose même que les phénomènes observés en Suède ont la même origine. Assurément il n’est pas