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mais de ceux à qui il ne fallait rien moins que deux ou trois mille lieues carrées de terrain à bouleverser, de ceux qui mettaient l’Océan en émoi d’un pôle à l’autre, de ceux qui soulevaient, non pas des îles éphémères de la taille de celles qui apparaissent parfois sur les côtes de Sicile ; mais de vastes pays, des continens entiers. Vous savez que, comme Thalès de Milet, le fondateur de la géologie moderne, le savant

    fautes très graves, on soit exclu pendant quelque temps de l’intérieur de l’église, et l’on se soumet à cette punition ; on la supporte même avec une crainte respectueuse.

    FINANCES.

    Impôts. — Domaines publics. — Domaines communaux. — Les pacages des montagnes et les bois constituent, pour l’Andorre, un domaine précieux. Outre qu’ils permettent d’élever une grande quantité de bestiaux, c’est aussi une branche du revenu public. Ces pacages et bois sont divisés en portions, les unes communales, les autres publiques. Les pacages et bois communaux sont partagés en quatre portions, appelées quarts ; chaque quart est affecté à une ou deux paroisses, suivant la population. Chacune a sa part distincte et séparée, afin d’éviter les contestations entre voisins. Pour l’ordre et la police des pacages, il y a un magistrat attaché à chaque quart, qu’on nomme commissaire du quart.

    Les pacages publics sont les plus voisins de l’Espagne. On les afferme tous les ans aux troupeaux à laine de l’Urgel, qui, dans l’été, quittent leur sol brûlant pour stationner dans ces pâturages frais, où ils demeurent jusqu’au mois d’octobre. C’est la seule branche de revenu assuré que possède l’Andorre. En outre, chaque paroisse s’impose d’après les besoins de l’année. Cette imposition se compose d’une taxe personnelle et d’une taxe sur le revenu présumé des terres que chacun possède, ainsi que sur le nombre des bestiaux. Ces impôts sont tous très faibles. Les consuls en font le recouvrement, et en remettent le produit au syndic.

    Tous les bois de l’Andorre sont communaux ; aucun habitant n’en possède pour son compte, et chaque paroisse a son canton fixé. Ces bois étant plus que suffisans pour les besoins de la population, chaque paroisse vend son excédant aux propriétaires des forges établies dans le pays. Les fonds provenant de ces ventes sont mis en réserve pour les dépenses extraordinaires de la commune et de la vallée, telles que les réparations des églises et des maisons-communes, le traitement des vicaires, et l’envoi de commissaires en France ou en Espagne pour réclamations à faire et priviléges à maintenir, etc.

    Le syndic reçoit le montant de tous les impôts. Il paie la redevance à la France et à l’évêque d’Urgel ; il acquitte toutes les dépenses arrêtées par le conseil souverain. Le surplus des revenus sert aux frais indispensables d’administration, à l’entretien du Palais de la vallée, au salaire du concierge, aux repas d’apparat que les différentes réunions du conseil nécessitent, à l’entretien des prisons, etc.

    Le syndic rend compte au conseil général des dépenses ordinaires et extraordinaires. Ce compte est arrêté tous les ans.

    Salaire des autorités. — Les fonctions publiques sont gratuites.

    Le service militaire lui-même n’est l’objet d’aucune rétribution. Les Andorrans convoqués pour prêter main forte à l’autorité et faire des perquisitions dans les montagnes ne reçoivent ni argent ni vivres ; mais c’est un service toujours borné à peu de jours. Il ne s’agit dans ce cas que d’arrêter des malfaiteurs ou de quelque démonstration passagère. L’Andorre n’a jamais pris part aux guerres de ses voisins.

    Dîmes. — Les Andorrans paient la dîme à l’évêque et au chapitre d’Urgel, de la même manière qui fut réglée par Louis-le-Débonnaire. Le clergé local n’a, par conséquent, aucune part à cette dîme. Chaque curé reçoit un traitement fixe de l’évêque d’Urgel. Ce traitement, fort modique, est augmenté par des fondations qui sont attachées aux cures de chaque pa-