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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/160

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d’une capitale qui n’en sera plus une pourra entraîner quelques inconvéniens et susciter une opposition peu redoutable ; mais une combinaison habile trouvera aisément le moyen de la neutraliser.

Cette nouvelle existence, la position géographique nouvelle et inattendue que la vapeur a faite aux deux provinces, par la navigation du Danube, attendent une impulsion, un secours étranger ; il faut que ce secours soit moral et politique. Le succès des efforts tentés depuis quelques années par une puissance voisine de la Valachie garantit les féconds résultats que ce généreux secours obtiendrait. Mais d’où partira le mouvement qui doit opérer cette révolution ? Dans quelle condition aura-t-il lieu, sans heurter la nationalité du pays ? Par qui le secours sera-t-il administré ? Quelle main doit fortifier et consolider cette nationalité ? Question ardue et complexe. La Valachie est comme cernée et étouffée par des intérêts violens et opposés, qui l’étreignent pour sa ruine. Comment la civiliser, en dépit des exigences ennemies, spectres menaçans, satellites prêts à crier aux armes, au moindre signal d’une marche nouvelle ?

Pas de nationalité sans indépendance ; l’une sans l’autre est un affreux supplice. Mieux vaut pour un pays oublier l’importune idée de son individualité propre, et se confondre entièrement dans le corps de la nation qui le domine, que de rester dans cette position bâtarde et équivoque, dans cette demi-indépendance que la nature des choses repousse, et qui a toujours été, pour les peuples qui l’ont admise, une source de calamités épouvantables.

La Valachie et la Moldavie, avec des élémens vivans de nationalité, se trouvent dans cette situation anomale, non-seulement à demi dépendante, à demi indépendante, mais soumise à deux influences contraires. Elles ne dépendent pas tout-à-fait d’elles-mêmes, et dépendent un peu de la Turquie, un peu de la Russie. Phénomène nouveau sous le soleil ! la possession par indivis d’un état qui cependant réclame pour lui une part de liberté ! Jusqu’où va la possession de l’un ? Où s’arrêtent les droits de l’autre ? On ne peut le dire. La ligne de démarcation est mobile, et se déplace au gré des circonstances. Est-ce là une position tenable ? Le pays ne doit-il pas préférer une situation nette, quelle qu’elle soit ? Que peut-il espérer de cet état précaire, de cette souveraineté mixte, de cette multitude de maîtres, de ces intrigues qui l’étouffent de-