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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/248

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n’attendaient plus qu’un signal. Il fut donné le 3 février. Les armées combinées des Anglais sous le général Harris, et du Nizam sous Meer-Alum, s’ébranlèrent ; et comme il fallait cependant trouver un prétexte à cette attaque, on mit en avant l’ambassade mysoréenne envoyée à l’Île-de-France. L’ennemi entre au mois de mars sur les terres du Mysore sans rencontrer un seul obstacle. Le sultan, pris à l’improviste, et dont l’activité ordinaire était d’ailleurs paralysée par un de ces pressentimens dont l’action est si puissante sur l’esprit des musulmans, ne se décida que tard à sortir de l’inaction. Il voulut d’abord faire une diversion en se portant rapidement sur l’armée de coopération de Bombay, qui avait pris les devans pour se loger dans le pays de Coorg, afin de se réunir en peu de jours aux troupes expéditionnaires qu’elle attendait. Il fut repoussé, sur ce point, par le général Stuart, et il se retourna, par une marche brusque, vers le général Harris, qu’il rencontra, le 27 mars, entre Sultaunpett et Malavelly. Mais, après un simple engagement d’avant-garde, ayant éprouvé un nouvel échec, il revint s’enfermer dans Seringapatam, où les Anglais le suivirent et le bloquèrent immédiatement. Le 9 avril, déjà fort alarmé de la tournure que prenait le siége, il écrivit au général Harris pour entamer des pourparlers. Le 20, cédant à ses vives inquiétudes, il chercha de nouveau à parlementer, demanda une conférence, et pria instamment qu’on nommât des négociateurs. En réponse à ses démarches réitérées, on se borna à lui faire passer un exposé des conditions de la paix.

Déjà antérieurement, à l’époque où la Compagnie tenta d’envoyer le major Deveton à la cour du sultan, sous prétexte de quelques griefs et d’explications amicales devenues nécessaires, l’intention secrète des Anglais était d’établir en permanence, auprès de Tippoo, un résident politique, de faire renvoyer tous les étrangers employés à son service, et d’obtenir leur exclusion perpétuelle de ses états et de ses armées. Plus tard, les évènemens favorables survenus dans la politique générale permettant de se montrer encore plus exigeant, on parla de négocier l’échange du Canara, et de dépouiller Tippoo de toute possession maritime. Au moment où, les préparatifs achevés, la guerre éclatait, il fallait de plus y joindre une grosse indemnité en numéraire. Enfin, à ce dernier période de la guerre, sous les murs de la capitale, les conditions préliminaires étaient provisoirement : « la remise de la moitié du Mysore ainsi que de la place ; les deux fils aînés du prince livrés en otage ; le paiement de tous les frais de la guerre, et la réserve d’autres prétentions ultérieures. » Mieux valait courir les chances du siége que de se soumettre à d’aussi dures conditions.

Les ouvrages extérieurs ayant été emportés après quelque résistance, on se mit aussitôt à pratiquer une brèche à la partie ouest de la ville.