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LE MYSORE.

troisième rang, engageait son ministre à s’avancer près des combattans pour observer plus distinctement les détails de la lutte engagée entre l’autruche et l’Indien presque nu ; après l’avoir ainsi compromis, il le poussa brusquement et ferma la porte sur lui, se réservant de jouir de sa terreur pendant quelques secondes.

Je devais partir aussitôt après ma visite ; le temps me pressait, je tirai ma montre. Sa petitesse le frappa, et après l’avoir comparée à la sienne, qui était une vieille montre anglaise, il me demanda si elle avait été faite à Londres, si elle pouvait aller pendant une année sans être remontée.

Nos spectacles royaux finirent par l’exhibition d’un éléphant qu’un cornac était parvenu à rendre docile en moins de deux mois. Il avait été pris dans les bois, et amené au prince en raison de sa beauté et de sa haute stature.

Les diverses particularités de cette visite, pendant laquelle le radjah avait été loin de se conformer à l’étiquette souveraine, prouvent qu’il est resté, sous la férule de ses maîtres, un grand enfant de quarante ans ! Plus tard, dans le Deccan, je retrouvai le même système d’élever les princes tributaires de l’Inde, lorsqu’à Sattarah je me croisai sur la grande route avec le descendant des monarques Mahrattes, qui prenait l’air dans une calèche découverte menée à l’anglaise.

Sachant l’heure de mon départ, le radjah Kistera-Raji-Oudawer me fit encore l’honneur de m’envoyer, à l’instant où je rentrais chez moi, seize corbeilles de fruits portées chacune par deux bayadères, et contenant des oranges, des citrons, des bananes, des dattes et autres friandises indiennes. Mahomet, mon musulman, allié à un capitaine de cipayes, et qui m’avait suivi comme interprète, reçut de la générosité royale une belle ceinture et un turban.

Je ne parvins à quitter la ville de Mysore qu’après mille difficultés de la part des gens qui devaient me conduire jusqu’à la cote Malabare. Je les avais retenus, grâce à la protection obligeante du résident, et ils me rançonnèrent à plusieurs reprises avant de consentir à se mettre en marche. À mesure que je cédais sur un point, ils faisaient naître de nouveaux obstacles ; et, averti par les conseils de mon hôte, j’étais réduit à donner gain de cause à leur indiscipline et à en passer par tout ce qu’ils voulaient, sans avoir la consolation d’obtenir un résultat favorable et immédiat. La capitale devant être, dans le système de politique adopté par les Anglais, une sorte d’impasse, je me borne à constater l’absence presque complète de communications entre cette partie reculée du royaume et la mer d’Arabie. Je n’avais plus à réclamer les secours d’aucune police anglaise, et je devais me soumettre à tous les inconvéniens du pays.

Pendant les sept jours de marche que j’employai à sortir du Mysore,