cher et le plus universel de la jeunesse, manquait encore, et le cœur allait éclater.
Je trouve sur une feuille, dès long-temps jaunie, ces lignes tracées. En les transcrivant, je ne me permets point d’en altérer un seul mot, non plus que pour toutes les citations qui suivront. Le jeune homme disait :
Le fragment s’arrête brusquement ici. Que vit-il le long de ce ruisseau ? Un autre cahier complet de souvenirs ne nous laisse point en doute, et sous le titre : Amorum, contient, jour par jour, toute une histoire naïve de ses sentimens, de son amour, de son mariage, et va jusqu’à la mort de l’objet aimé. Qui le croirait ? ou plutôt, en y réfléchissant, pourquoi n’en serait-il pas ainsi ? Ce savant que nous avons vu chargé de pensées et de rides, et qui semblait n’avoir dû vivre que dans le monde des nombres, il a été un énergique adolescent ; la jeunesse aussi l’a touché, en passant, de son auréole ; il a aimé, il a pu plaire ; et tout cela, avec les ans, s’était recouvert, s’était oublié ; il se serait peut-être étonné comme nous, s’il avait retrouvé, en cherchant quelque mémoire de géométrie, ce journal de son cœur, ce cahier d’Amorum enseveli.
Jeunesse des hommes simples et purs, jeunesse du vicaire Primerose et du pasteur Walter, revenez à notre mémoire pour faire accompagnement naturel et pour sourire avec nous à cette autre jeunesse ! Si Euler ou Haller ont aimé, s’ils avaient écrit dans un registre leurs journées d’alors, n’auraient-ils pas souvent dit ainsi ?