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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/422

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à cette foi et à cette soumission qu’il avait si bien exprimée en 1803, et dont il relut sans doute de nouveau la formule touchante. Jusqu’à la fin, et pendant les années qui suivirent, nous l’avons toujours vu allier et concilier sans plus d’effort, et de manière à frapper d’étonnement et de respect, la foi et la science, la croyance et l’espoir en la pensée humaine et l’adoration envers la parole révélée.

Outre cette vue supérieure par laquelle il saisissait le fond et le lien des sciences, M. Ampère n’a cessé, à aucun moment, de suivre en détail, et souvent de devancer et d’éclairer, dans ses aperçus, plusieurs de celles dont il aimait particulièrement le progrès. Dès 1809, au sortir de la séance de l’Institut du lundi 27 février (j’ai sous les yeux sa note écrite et développée), il n’hésitait pas, d’après les expériences rapportées par MM. Gay-Lussac et Thénard, et plus hardiment qu’eux, à considérer le chlore (alors appelé acide muriatique oxigéné) comme un corps simple. Mais ce n’était là qu’un point. En 1816, il publiait, dans les Annales de Chimie et de Physique, sa classification naturelle des corps simples, y donnant le premier essai de l’application à la chimie des méthodes qui ont tant profité aux sciences naturelles. Il établissait entre les propriétés des corps une multitude de rapprochemens qu’on n’avait point faits, il expliquait des phénomènes, encore sans lien, et la plupart de ces rapprochemens et de ces explications ont été vérifiés depuis par les expériences. La classification elle-même a été admise par M. Chevreul dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, et elle a servi de base à celle qu’a adoptée M. Beudant dans son Traité de Minéralogie. Toujours éclairé par la théorie, il lisait à l’Académie des Sciences, peu après sa réception, un mémoire sur la double réfraction, où il donnait la loi qu’elle suit dans les cristaux, avant que l’expérience eût fait connaître qu’il en existe de tels[1]. En 1824, le travail de M. Geoffroy Saint-Hilaire sur la présence et la transformation de la vertèbre dans les insectes, attira la sagacité, toujours prête, de M. Ampère, et lui fit ajouter à ce sujet une foule de raisons et d’analogies curieuses, qui se trouvent consignées au tome second des Annales des

  1. Nous noterons encore, pour compléter ces indications de travaux, un Mémoire sur la loi de Mariotte, imprimé en 1814 ; un Mémoire sur des propriétés nouvelles des axes de rotation des corps, imprimé dans le Recueil de l’Académie des Sciences.