Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/434

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
430
REVUE DES DEUX MONDES.

exercée par un courant électrique sur un autre courant. C’est cette action que M. Ampère soumet au calcul, et qu’il renferme dans une formule savante ; et c’est de là, comme d’un point élevé, qu’il voit se dérouler devant lui tous les phénomènes électro-magnétiques, s’éclaircir ce qui paraît obscur, se simplifier ce qui paraît compliqué, se réduire à la loi générale ce qui paraît le plus exceptionnel, et se manifester dans tout son jour la régularité rationnelle de la nature. Voici la formule qui contient tout l’électro-magnétisme ; avec elle, celui qui saurait le calcul, pourrait retrouver tous les faits, et un géomètre en déduirait même les phénomènes qu’il ne connaît pas : Deux élémens de courant électrique, placés dans le même plan et parallèles, s’attirent en raison directe du produit des intensités électriques, et en raison inverse du carré de la distance si ces courans élémentaires vont dans le même sens, et se repoussent, suivant les mêmes lois, s’ils vont en sens contraire. Formule admirable qui a placé l’électro-magnétisme dans le domaine de la philosophie de Newton, en prouvant géométriquement que les mouvemens rotatoires observés étaient produits par une action en ligne droite.

Newton, lorsqu’il a dit que les corps s’attirent en raison directe de leur masse, et en raison inverse du carré de leur distance, a trouvé la formule qui contient l’explication des mouvemens planétaires ; et l’on sait qu’en partant de ce principe si bref, et pourtant si fécond, lui et les géomètres qui l’ont suivi, ont expliqué mathématiquement, ont calculé rigoureusement, ont prévu d’avance les mouvemens de ces grands astres qui circulent incessamment autour du soleil. La loi n’a fait défaut nulle part ; et soit qu’il s’agît de démontrer la marche de l’immense Jupiter et sa rotation rapide, ou de suivre Uranus, reculé jusqu’aux confins de notre monde, dans son orbite lointaine et dans son année de quatre-vingts de nos années ; soit qu’il fallût appliquer la loi à la singulière disposition de l’anneau qui fait sa révolution autour de Saturne, ou à ces systèmes du monde en miniature, tels que les satellites de Jupiter ou notre propre lune, tout est venu se ranger dans les conséquences rigoureuses du fait générateur et suprême que Newton avait établi. De même sur l’étroit théâtre d’une observation entre une aiguille aimantée et un courant électrique, M. Ampère a jeté une de ces formules compréhensives d’où le calcul sait tirer l’explication de tous les phéno-