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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

M. Ampère s’est complu à faire ressortir quelques-uns des avantages secondaires que peut produire une classification vraiment naturelle des sciences. Qui ne voit qu’une pareille classification devrait servir de type pour régler convenablement les divisions en classes et sections d’une société de savans qui se partageraient entre eux l’universalité des connaissances humaines ? Qui ne voit également que la disposition la plus convenable d’une grande bibliothèque, et le plan le plus avantageux d’une bibliographie générale, en seraient encore le résultat, et que c’est à elle d’indiquer la meilleure distribution des objets d’enseignement ? Et si l’on voulait composer une encyclopédie vraiment méthodique, où toutes les branches de nos connaissances fussent enchaînées, au lieu d’être disposées par l’ordre alphabétique, dans un ou plusieurs dictionnaires, le plan de cet ouvrage ne serait-il pas tout tracé dans une classification naturelle des sciences ?

Mais M. Ampère n’a pas oublié de signaler les points de vue plus élevés qui appartiennent à la classification des sciences, ou plutôt à ce qu’il appelle la mathésiologie. « Si le temps m’eût permis d’écrire un traité plus complet, dit-il, page 22 de son Essai sur la philosophie des sciences, j’aurais eu soin, en parlant de chacune d’elles, de ne pas me borner à en donner une idée générale : je me serais appliqué à faire connaître les vérités fondamentales sur lesquelles elle repose ; les méthodes qu’il convient de suivre, soit pour l’étudier, soit pour lui faire faire de nouveaux progrès ; ceux qu’on peut espérer suivant le degré de perfection auquel elle est déjà arrivée. J’aurais signalé les nouvelles découvertes, indiqué le but et les principaux résultats des travaux des hommes illustres qui s’en occupent ; et quand deux ou plusieurs opinions sur les bases mêmes de la science, partagent encore les savans, j’aurais exposé et comparé leurs systèmes, montré l’origine de leurs dissentimens ; et fait voir comment on peut concilier ce que ces systèmes offrent d’incontestable. »

« Et celui qui s’intéresse aux progrès des sciences, et qui, sans former le projet insensé de les connaître toutes à fond, voudrait cependant avoir de chacune une idée suffisante pour comprendre le but qu’elle se propose, les fondemens sur lesquels elle s’appuie, le degré de perfection auquel elle est arrivée, les grandes questions qui restent à résoudre, et pouvoir ensuite, avec toutes ces notions