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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/543

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L’UNION DU MIDI.

désormais que la France et la Belgique forment deux états séparés, si le commerce, l’industrie et le travail de la pensée y sont placés sous le niveau des mêmes lois et dans les mêmes conditions de développement ?

L’ESPAGNE.

La guerre que soutiennent, avec des chances diverses, mais avec une grande ténacité, les quatre provinces du nord, la Navarre, la Biscaye, l’Alava et le Guipuzcoa[1] contre la monarchie constitutionnelle en Espagne, n’est point une querelle d’opinion. Il n’y a là rien qui rappelle les souvenirs de la Vendée, ni le dévouement féodal, ni le fanatisme religieux. C’est une guerre toute moderne et toute prosaïque, guerre d’indépendance, guerre d’intérêts. Les républicains de la Biscaye ont pris don Carlos pour drapeau ; mais ils n’ont fait de ce prince ni leur maître ni leur chef.

Le fanatisme est tellement étranger aux mœurs de ces populations, que leurs coutumes traditionnelles traitent la religion comme une institution civile. La loi de la Biscaye ne suppose pas que le clergé soit à l’abri des faiblesses humaines, car elle permet aux curés d’avoir à leur service une femme de mœurs suspectes, afin de garantir par là, dit le texte, la tranquillité intérieure des familles. Le roi, pareillement, représente à leurs yeux l’autorité, mais non pas l’action ; c’est un suzerain éloigné et purement nominal. Chez eux, don Carlos règne et ne gouverne point ; ils ont mis le pouvoir exécutif en commission. C’est une junte élective, où siége un député de chaque province, qui règle les subsides et qui dirige les opérations militaires. Entre les provinces insurgées et don Carlos, il existe un véritable contrat ; elles ne se dévouent pour cette seconde restauration qu’à condition de rentrer dans la pleine possession de leurs priviléges, et de former de nouveau, sous la protection de la couronne d’Espagne, un territoire indépendant.

Lorsque l’Angleterre, gouvernée par le système représentatif, s’efforçait de rétablir sur les trônes du continent, en haine de la

  1. La population est ainsi répartie :

    Navarre 
    288,244
    Total :
    661,764
    Biscaye 
    114,875
    Alava 
    135,838
    Guipuzcoa 
    92,807