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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/617

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POÈTES ET ROMANCIERS ANGLAIS.

titre : the Causeway and the plainstones. Dans ce dialogue plein de gaieté, Fergusson avait mis en opposition les différentes espèces de passans qui marchent sur la chaussée et sur les trottoirs d’Édimbourg. Burns dans le sien établit un parallèle satirique entre les mœurs anciennes et modernes de la ville d’Ayr ; mais il ne s’enferme pas dans les mêmes limites que Fergusson. À l’appel de son imagination, les deux ponts s’animent.

C’était lorsque les meules de blé endossent leur manteau d’hiver…, que les pommes de terre s’entassent en monceaux serrés pour se préserver de l’haleine glacée et de la morsure de l’hiver qui s’avance ; lorsque les abeilles, reposant joyeuses des travaux de l’été, sur les dépouilles délicieuses de fleurs et de boutons sans nombre, scellées avec un soin frugal en piles massives de cire, sont condamnées par l’homme, ce tyran du faible, à la mort des démons suffoqués de la vapeur du soufre ; lorsque les fusils tonnent de tous côtés, que les volées d’oiseaux blessés s’éparpillent et se répandent au loin, et que la famille ailée des champs, unie par les liens de la nature, pères, mères, enfans, gisent dans la même mare de sang. (Quel cœur chaud de poète ne saigne intérieurement et n’exècre les actes sauvages et impitoyables de l’homme !) La fleur ne pousse plus aux champs ni dans la prairie ; le bois ne résonne plus de concerts aériens, si ce n’est peut-être du sifflement joyeux du rouge-gorge, fier sur le haut de quelque arbre à moitié brisé ; les blanches gelées des matins précédent les soleils des jours ; midi répand au loin une clarté douce, calme et sereine, et les fils nombreux de la Vierge se jouent et folâtrent dans les rayons.

C’est dans cette saison que le poète, chassé de son lit par un caprice ou peut-être par les soucis, allait, perdu dans ses méditations, sans savoir où ni pourquoi. La cloche du donjon endormi avait frappé deux heures, et la tour de Wallace avait juré que le fait était vrai. Le Forth, gonflé par la marée, débordait sur la rive, troublant de sa voix enrouée et triste le calme de la nuit. Tout le reste était muet comme l’œil clos de la nature ; la lune silencieuse brillait du haut des cieux sur la tour et sur l’arbre ; la gelée frileuse sous le rayon d’argent, descendait en croûte légère sur le courant étincelant de lumière. Tout à coup il entend des deux côtés à la fois un battement mesuré d’ailes qui sifflent dans l’air, et voilà que deux formes sombres s’abattent sous ses yeux, le vieux et le