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gnifie homme de la forêt, et font sur leur origine d’étranges histoires… »

J’ai dit que la planche qu’on a jointe au texte de ce chapitre n’est pas la copie du dessin fait à Batavia. Voici les raisons que j’ai pour le croire.

Lorsque Bontius mourut dans l’Inde, il n’avait encore rien publié sur l’histoire naturelle de ce pays, et ce ne fut qu’au bout de plusieurs années que ses notes, en partie rongées par les vers, furent remises à Pison, qui s’était chargé de les faire paraître. Il paraît que plusieurs des figures manquaient, et l’éditeur eut la mauvaise idée de les remplacer par d’autres, représentant des animaux de la même famille, mais d’un autre pays. C’est ainsi que deux planches, qui avaient servi pour son Histoire naturelle et médicale du Brésil, celles de l’ara et du coendou, reparurent dans le même volume, figurant cette fois une perruche à longue queue et le porc-épic de l’Inde. Quant à l’orang, Pison l’emprunta à l’histoire des quadrupèdes de Gesner. La tête de l’animal, aisée à reconnaître par le cercle de poil qui entoure le visage et par l’espèce de bec-de-lièvre qu’on voit à la lèvre supérieure, a été fidèlement reproduite. C’est aussi la même forme de corps, la même disposition des bras ; seulement le dessinateur a supprimé la béquille, qui aurait fait supposer que l’animal avait quelque difficulté à se tenir debout. Pour la même raison il lui a un peu redressé les jarrets ; mais les principaux changemens consistent dans la substitution de pieds humains aux pieds de singe qui se voient dans l’estampe de Gesner, et surtout dans la suppression de la queue.

Les personnes qui voudront prendre la peine de comparer les deux planches, reconnaîtront, je l’espère, que ma conjecture est fondée, et ne seront plus tentées de reprocher à Bontius un défaut d’exactitude dont Pison seul est coupable.

Cette figure mensongère a été long-temps la seule que pussent citer les naturalistes européens, qui n’eurent que fort tard l’occasion de voir le satyre de Borneo. Le satyre de la côte d’Angola, au contraire, fut apporté à différentes reprises, ce qui tenait peut-être à ce que le voyage d’Afrique était beaucoup moins long et moins pénible que le voyage des Indes. Il en vint un à Londres vers la fin du xviie siècle ; il n’y vécut que peu de temps ; mais, après sa