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MÉMOIRES DE LAFAYETTE.
ni même par la grandeur de leurs complots, qu’ils étonneront des hommes aux yeux de qui les derniers évènemens n’ont paru que des évènemens ordinaires. Recevez de ces soldats éprouvés par de grandes circonstances la nouvelle assurance d’un dévouement pur et sans bornes. Dans les temps de troubles, ils ont su maintenir l’ordre public et ne craindre que pour la liberté ; ils vous répondent encore de l’un et de l’autre ; et s’il est vrai que nos ennemis ne soient que plus aigris, et de leurs plans déconcertés, et surtout de cette liberté calme du peuple qui fait leur désespoir, hâtez-vous de diriger vers les lieux qui sont exposés ceux qui ont toujours su les braver, et que les premiers soldats de la liberté soient les premiers à repousser les soldats du despotisme. »

Le général Rochambeau était parti pour prendre le commandement de l’armée du Nord, et se porter sur les derrières de l’ennemi s’il entrait en France. Une partie des gardes nationales de Paris et des départemens aurait marché sous les ordres de Lafayette. Les comités de l’assemblée s’étaient réunis et avaient pris les plus sages mesures ; l’ordre le plus parfait avait été maintenu dans la capitale, quand l’assemblée apprit et tout le peuple répéta que le roi avait été arrêté à Varennes.

Il y a eu depuis, entre MM. de Bouillé, de Choiseul et d’autres employés dans cette affaire, quelques discussions sur les circonstances qui firent manquer l’évasion. La plus marquante est que le roi fut reconnu sur sa ressemblance avec l’effigie des assignats par le fils du maître de poste de Sainte-Menehould, et que celui-ci, montant à cheval, alla par un chemin plus court prévenir le procureur-syndic de Varennes. Quelques maladresses dans la disposition des relais au pont de Varennes contribuèrent à retarder le roi. On sait comment ce procureur-syndic, marchand de chandelles, se trouva maître des destinées du roi et de la France ; il ne lui vint pas seulement l’idée de profiter de la circonstance pour sa fortune personnelle ; il remplit ses devoirs de citoyen avec des égards respectueux, mais avec fermeté. Une partie des troupes qui attendaient au pont se joignit à la population ; le roi était déjà prisonnier lorsque les deux officiers de la garde nationale arrivèrent et lui présentèrent le décret rendu par l’assemblée nationale à la séance du 21.

Un autre décret, adopté à la presque unanimité le 25 juin, portait :

« Art. 1er . Aussitôt que le roi sera arrivé au château des Tuileries, il