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MÉMOIRES DE LAFAYETTE.

ne voulait pas qu’elle pût nuire au système de la déclaration des droits, de l’égalité entre les citoyens, et des principales bases de la constitution de 1791.

Ainsi, le système vraiment monarchique finit à la constitution anglaise inclusivement : dans cette constitution, en effet, il semble que le roi est plus qu’un premier magistrat et a une existence indépendante, dans l’opinion de la majorité des constitutionnels anglais, du pouvoir et de la souveraineté de la nation ; au lieu que dans les principes français la royauté, subordonnée dans son origine à la souveraineté du peuple dont elle tirait toute sa puissance, n’était dans son exercice qu’une présidence héréditaire du pouvoir exécutif. C’était là ce que la France voulait, puisqu’elle réclamait des droits et des institutions incompatibles avec une royauté plus relevée. Cette royauté, les constitutionnels l’avaient établie de la sorte avec loyauté, et défendue de même. Après qu’on eut donné à celui qui en était dépositaire les moyens d’une grande et puissante existence, le pouvoir exécutif qu’il présidait, sans être parfaitement organisé, sans même avoir toute l’énergie dont il avait besoin, pouvait néanmoins aller bien et long-temps, si les regrets de l’ancien régime d’une part, et de l’autre, les intrigues intérieures, soutenues de l’étranger, n’avaient pas opposé une résistance capable de renverser toutes les barrières qu’il eût été possible d’élever.


Note de l’Éditeur. — Dans la note de la page 709, il est parlé de la démission que le général Lafayette donna après l’émeute du 18 avril 1791, contre le voyage du roi à Saint-Cloud.