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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/736

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REVUE DES DEUX MONDES.

de signes précurseurs et peu de nuances. On aurait pu dire d’elle, en changeant quelque chose au vers du poète :

Et la grace elle-même attendit la beauté.

Au sortir de Saint-Cyr, quand déjà la mort de Louis XIV entraînait la chute des pouvoirs élevés par ce roi avec le plus de complaisance, mademoiselle d’Aulquier, qui perdait l’appui de Mme de Maintenon, fut demandée en mariage par un gentilhomme breton qui la rencontra à la terre de sa tante et en devint soudainement amoureux. Le peu de fortune qu’elle avait et l’envie de sa tante de se débarrasser d’une pupille de cet âge, décidèrent à l’accorder. M. de Pontivy l’emmena aussitôt en Bretagne dans un manoir des plus sombres. C’était le moment où des troubles commencèrent à éclater dans cette province, et l’on passa vite à la rébellion ouverte. Une correspondance avec l’Espagne envenimait la situation. La jeune fille de Saint-Cyr, tombée ainsi au milieu de ces gentilshommes révoltés, et de ce prochain de Bretagne moins joli et plus tumultueux que jamais, le prit sur un tout autre ton d’intérêt et d’émotion, on peut le croire, que Mme de Sévigné en son temps simple spectatrice pour son plaisir, du bout de son avenue des Rochers. M. de Pontivy se trouvait au nombre des plus ardens et des plus compromis. Mme de Pontivy croyait l’aimer, et elle l’aimait d’une première amour peut-être, mais faible et de peu de profondeur : elle ne soupçonnait pas alors qu’on pût sentir autrement. Plus tard elle se rappela qu’un jour, un soir, six mois environ après le mariage, elle qui était inquiète d’ordinaire et toute à la minute quand son époux ne rentrait pas, avait laissé sonner l’heure à la petite et à la grosse horloge sans faire attention et s’oubliant à quelque rêverie. C’est qu’à partir de ce jour-là, ce premier amour, comme un enfant qui ne devait pas vivre, était mort en elle. Mais elle ne se rendit compte de cela qu’ensuite, et alors elle était simplement et aveuglément dévouée, quoique souffrant de cette vie étrange.

La révolte manqua, comme on eût pu s’y attendre. Un grand nombre des gentilshommes furent arrêtés. M. de Pontivy avec d’autres parvint à s’échapper par mer, et se réfugia en Espagne. Mme de Pontivy arriva en hâte à Paris, réclamée par sa tante,