inscriptions, ou de placer leurs fonds sur la rente 4 p. 100, et qu’ainsi le remboursement n’aura lieu que sur un petit nombre de rentes. L’objection peut être juste ; mais, d’abord, on ne fonde pas une opération financière, et une opération aussi colossale que celle du remboursement des rentes, sur une éventualité. Or, il faudrait regarder autour de soi, et voir toutes les entreprises industrielles qui s’élèvent, soit par actions, soit par simple commandite, pour s’assurer que les appâts ne manquent point aux capitalistes embarrassés de leurs fonds. Et la réalisation de la plupart de ces entreprises prouve que les capitaux se dirigent de ce côté avec un certain empressement. On dira que presque toutes ces conceptions sont fausses, trompeuses, et que les rentiers s’y ruineront. Sans doute, nous le croyons aussi ; mais quel bien résultera-t-il pour l’état de ce qu’un rentier remboursé se trouvera ruiné ensuite ? La réserve de l’amortissement, au lieu d’entrer dans la poche de ce rentier, ira dans la caisse sans fonds d’une entreprise industrielle par actions ! La réserve d’amortissement n’aura pas moins été détruite, en partie, par le remboursement, et diminuée par cette disposition qui applique l’amortissement seulement aux rentes au-dessous du prix. Et, comme par l’effet de la loi de remboursement, les rentes se trouveront au-dessous du pair, le fonds d’amortissement, qui n’aura pas servi à rembourser les rentiers, suffira à peine au service de la réduction de la dette. Rien de mieux, si aujourd’hui le fonds d’amortissement restait oisif dans la caisse du trésor ; mais oublie-t-on que les 60 millions que la rente au pair laisse disponibles, sont employés à l’amélioration des voies fluviales, au creusement des canaux projetés, à l’achèvement des canaux anciens, aux routes stratégiques, qui ont déjà augmenté en six ans, d’un tiers, le prix des terres en Vendée et en Bretagne ? Faut-il donc dire aux propriétaires des départemens, qui font la guerre aux rentiers, que le cours élevé de la rente, qui permet de disposer ainsi d’une partie du fonds d’amortissement, élèverait en peu d’années le prix des terres, par la multiplication des voies de communication et par tous les grands travaux qu’on pourrait faire ? À la fin de la session dernière, la chambre avait voté le curage et l’élargissement de vingt rivières, des travaux de navigation, des prolongemens de canaux, qui doivent se faire au moyen de l’excédant d’amortissement. La chambre actuelle ne voit-elle pas qu’elle va annuler tous ces votes et s’interdire des votes semblables en dévorant ce fonds pour produire, dans quelques années, une économie de 8 ou 10 millions par an ? Si les chambres employaient, dans ce même nombre d’années, l’excédant du fonds d’amortissement, à augmenter et à améliorer les communications dans l’intérieur de la France, le budget des recettes augmenterait de 15 millions, que lui vaudrait l’augmentation du prix des terres ; mais il ne faudrait pas vivre sur de vieilles idées de finances, déjà surannées en 1824, et combattues alors par tous les hommes avancés.
Nous croyons savoir que le ministère ne se jettera pas dans la discussion financière de cette proposition, dont il serait cependant si facile de montrer