Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 13.djvu/811

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
807
DES CHEMINS DE FER.

chain exercice, ce revenu net avait d’abord été évalué par le ministre à 5 et demi pour 100 ; mais, tout récemment (à la fin de janvier), le Moniteur belge a fait pressentir la possibilité et même la probabilité d’un déficit. Et dès que les chemins de fer belges sont en perte, il est clair qu’il n’y a pas lieu à se prévaloir de la modicité des prix auxquels y ont été mises les places. Si les chemins de fer de Belgique eussent coûté autant que ceux de Manchester à Liverpool ou de Londres à Birmingham, ou encore que ceux qui ont été exécutés ou s’exécutent autour de Paris, le produit net de 5 pour 100 qu’ils ont rendu l’an dernier et qui paraît devoir leur être bientôt ravi, se réduirait à 1 ou à trois quarts pour 100.

En France, sur le chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, pour un trajet de 16 lieues et demie, on paie, selon les diverses places, 7 fr., 6 fr., 5 fr. et 4 fr., ce qui correspond à 42 cent., 36 cent., 30 cent. et 24 cent. par lieue. Le plus grand nombre des voyageurs prend les places à 4 fr. En été, il y a des places particulières à 3 fr., ce qui représente 18 cent. ; mais elles sont incommodes et peu recherchées, malgré l’économie habituelle au pays.

Sur le chemin de fer de Saint-Germain, les secondes places sont tarifées à 1 fr., ce qui représente 22 cent. par lieue (la distance est de 4 lieues et demie). Il est probable que prochainement ces places seront mises à 75 cent., soit à 16 cent. par lieue. Peut-être un jour seront-elles abaissées à 50 cent. ; mais elles ne tomberont certainement pas au-dessous de ce dernier chiffre qui équivaudrait à 11 cent. par lieue, c’est-à-dire au prix belge.

Conséquence à tirer pour le présent du parallèle entre les chemins de
fer et les voies navigables.

De ce qui précède on peut conclure qu’en France, le tarif des diligences étant, dans la rotonde, de 40 cent. par lieue, sur les chemins de fer, toutes choses égales d’ailleurs, il serait, aux places correspondantes, de 20 à 25 cent., — sur les bateaux-rapides des canaux, de 20 cent., — et, sur les bateaux à vapeur, d’à peu près 10 cent. Je prends à dessein les chiffres relatifs aux secondes places ; ce sont les plus fréquentées. C’est au bon marché qu’il faut viser dans notre siècle évidemment démocratique, et c’est par leur dernier mot en fait de bon marché qu’il est le plus important de comparer les divers modes de voyage et de transport.