Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 13.djvu/812

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
808
REVUE DES DEUX MONDES.

Si, pour prouver que les chemins de fer se rapprochent beaucoup de ce prix de 10 cent. que je viens d’indiquer pour les bateaux à vapeur, on citait ceux de Belgique qui voiturent le public sur le pied de 11 cent. par lieue, on pourrait, à ce tarif exceptionnel, opposer les bateaux à vapeur à 5 cent. environ d’Angleterre et des États-Unis, bateaux qui, malgré des prix aussi inférieurs, ne sont pas en perte, ou ceux qui ne perçoivent, sur l’Hudson, que 2 cent. et demi, ou même ceux de la Saône. Ceux-là, à la vérité, qui se contentaient d’un cent. et demi, perdaient. Mais c’est pour cela précisément qu’ils peuvent être, à bon droit, mis en regard des chemins de fer belges, si les pressentimens du ministre des travaux publics de Belgique sont fondés.

D’où l’on peut conclure que le mode de transport le plus économique, pour tous sans exception, et particulièrement pour les classes les plus nombreuses, est celui que présentent les bateaux à vapeur.

En ce qui concerne le service le plus important de tous, celui des hommes, les chemins de fer ont à faire valoir des titres spéciaux, uniques, qu’aucun autre mode de communication n’égalera jamais. Les bateaux à vapeur, et à plus forte raison les bateaux-rapides des canaux n’atteindront jamais cette vitesse aérienne, qui eût paru le plus extravagant des rêves aux rêveurs d’il y a cinquante ans, quoiqu’ils eussent vu se réaliser l’impossibilité classique des cerfs voyageant dans les airs. Aucun autre mode de transport ne peut non plus rivaliser avec les chemins de fer, sous le rapport de la permanence en toute saison. Ils ne craignent, dans nos climats, du moins, ni les pluies, ni les gelées, ni les débordemens, ni les ouragans de neige. J’admettrai, si l’on veut, que les chemins de fer étant encore à leur début, l’on ne saura exactement à combien ils peuvent abaisser leurs tarifs, et que sur ce point nous ne serons bien fixés que lorsque nous les aurons pratiqués long-temps, car c’est une de ces questions que l’expérience seule peut résoudre. Mais si les chemins de fer sont encore dans leur première enfance, les bateaux à vapeur et les bateaux-rapides des canaux ne datent pas, il faut en convenir, d’une antiquité bien reculée. S’il est possible que ce que nous connaissons de la rapidité des chemins de fer ne soit pas leur dernier mot, et qu’ils atteignent un jour celle de 15 ou 20 lieues à l’heure, il est certain qu’aujourd’hui les bateaux des canaux doublent, dans certains cas, la vitesse des diligences, et que les bateaux à vapeur peuvent même