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REVUE. — CHRONIQUE.

ficultés, au moment de signer cette pièce ; mais il n’a pas tardé de se joindre aux autres membres de la conférence, et d’y apposer son seing.

Le traité du 15 novembre 1831 se composait, non de vingt-quatre, mais de vingt-cinq articles. Par le dernier, les puissances contractantes prenaient, avec la Belgique, l’engagement de faire exécuter le traité dans un bref délai. Sept années se sont écoulées, et l’article vingt-cinquième où se résume le traité tout entier, l’article qui est le traité lui-même, n’a pas été exécuté. Pendant ces sept années, le gouvernement belge a été forcé d’entretenir des forces militaires onéreuses, il a subi tous les inconvéniens de la non-reconnaissance ; aujourd’hui il paraît ne vouloir traiter de la liquidation de la dette avec la Hollande que sur de nouvelles bases, et semble surtout décidé à ne pas subir la charge de l’arriéré, qui est énorme. Cet arriéré se compose de 8,400,000 florins par an, accumulés depuis le mois de novembre 1830, avec les intérêts. Le gouvernement hollandais ne supporte ce fardeau qu’au moyen de ses colonies, dont il perd ainsi le revenu. Aujourd’hui, il croit pouvoir charger la Belgique de cette dette par une reconnaissance qui n’engage que faiblement l’avenir, et par la cession de quelques parties du territoire fédéral dans le Luxembourg, pour l’aliénation desquelles la Belgique aura à débattre avec la diète germanique. Tous les bénéfices du statu quo sont donc pour la Belgique, et il est étonnant que le roi de Hollande n’ait pas songé plus tôt à le faire cesser.

Sans vouloir exagérer les difficultés qui naîtront de cette démarche du roi de Hollande, auxquelles fera sans doute face l’attitude de la France et de l’Angleterre, étroitement unies, on ne peut nier que la force morale et l’influence dont nous aurons besoin, sans contredit, nous viendront de la position que nous avons conservée. Grace à Dieu, nos embarras ont cessé en Afrique, à Saint-Domingue. Nous avons les mains libres, des soldats en nombre, nos finances sont prospères, la réduction de la rente n’est encore qu’un projet ; en voilà assez pour qu’il ne se tire pas un coup de canon en Hollande et en Belgique sans notre permission. Si les chemins de fer du midi au nord de la France étaient en voie d’exécution, on pourrait dire d’avance que les difficultés entre la Belgique et la Hollande seraient bien promptement aplanies. Toutefois, rien n’est encore compromis dans l’état actuel des choses, le statu quo ne sera pas troublé sans notre approbation, et le cabinet actuel, qui a prouvé suffisamment, ce nous semble, qu’il ne perd pas son temps, ne le laissera lever qu’à des conditions telles que la France et la Belgique n’auraient pas à se repentir du changement.

Si la coalition veut se placer sur le terrain de la rente pour attaquer le ministère, comme on l’a déjà annoncé, elle peut s’attendre à échouer encore une fois, comme il lui est arrivé dans la discussion des fonds secrets. Le ministère, loin de se refuser à la réduction, ou de l’écarter pour des fins de non-recevoir, doit, dit-on, demander lui-même qu’une époque et un mode de remboursement soient fixés. Son motif est que l’idée de la réduction est entrée trop avant dans les esprits pour y mettre obstacle, et que