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DU RÉSEAU DES CHEMINS DE FER.

et onze pour remonter de Rouen à Paris. Il serait difficile d’établir au travers des coteaux qui bordent la Seine, quelques coupures qui abrégeassent sensiblement le voyage. À cause du voisinage de Paris, de la richesse de la vallée, du nombre des voyageurs qui la sillonnent, et de l’immense mouvement de marchandises et de denrées qui se dirigent par le fleuve, il y a lieu à mener de front le chemin de fer et le perfectionnement de la Seine, perfectionnement qui n’entraînerait que des frais médiocres, dont, si l’on y tenait absolument, le Trésor pourrait se couvrir au moyen d’un péage momentané. À partir de Pontoise, où il pourrait s’embrancher sur le chemin de fer du Nord, le chemin de Rouen n’aurait que vingt-cinq lieues.

Le chemin de Paris à Rouen ne suffirait pourtant pas, même pour un réseau provisoire. Quoique moins sinueuse en aval de Rouen qu’en amont, la Seine décrit encore bien des courbes entre Rouen et le Hâvre. La distance de ces deux villes est de trente-cinq lieues par eau ; elle n’est que de vingt et une par la route royale. D’ailleurs pour entrer au Hâvre ou pour passer du Hâvre en Seine, le bateau à vapeur est obligé de choisir le moment de la marée, ce qui occasionne une mobilité perpétuelle dans les heures de départ et d’arrivée. Le problème de Paris port de mer ne sera résolu que lorsque, entre le lever et le coucher du soleil, le négociant parisien pourra aller au Hâvre, y faire ses affaires et rentrer dans sa famille. Il faut pour cela que le chemin de fer soit complet de Paris à la mer.

Le chemin de fer de la Méditerranée à la mer du Nord, au lieu de venir chercher jusqu’à Lyon celui de Paris à la Méditerranée, devrait se terminer, du côté du sud, sur la Saône, au point jusques auquel de beaux bateaux à vapeur pourraient la remonter, une fois améliorée ; nous avons supposé que ce serait Saint-Symphorien. Du côté du nord, il devrait s’arrêter à Strasbourg, si le gouvernement badois réalisait son projet d’en exécuter un parallèle au Rhin jusqu’à Manheim en passant par Kehl. Comme une compagnie s’est chargée du chemin de fer de Strasbourg à Bâle, il n’y aurait plus à entreprendre qu’une ligne venant de Saint-Symphorien s’embrancher sur celui-ci à Mulhouse.

Le chemin de fer de la Méditerranée au golfe de Gascogne ou de Marseille à Bordeaux devrait de même, du côté de l’ouest, ne pas dépasser Moissac sur la Garonne, et, du côté de l’est, s’arrêter à la ville de Cette qui, infailliblement, sera, avant peu, reliée à Beaucaire par des chemins de fer appartenant à des compagnies.

Moyennant ce système, au lieu de mille vingt-quatre lieues, le