pourtant un Dieu créateur, éternel et infini, mais comme culte elle ne consacre que cette loi instinctive, qui ordonne à l’homme de vivre conformément aux impulsions de sa nature, et d’atteindre le but de son existence. Ce but est la pratique de la bienveillance mutuelle, et le désir sans cesse croissant de se rendre heureux les uns les autres, sans distinction de race, de sang et de couleur. La religion est encore la recherche de la vérité, l’étude des faits et des circonstances qui produisent le bien et le mal. S’aimer, se bien gouverner, vivre heureusement, voilà ce qui est agréable à Dieu. La théorie religieuse est ainsi la contre-épreuve de la théorie sociale. Quant aux causes et aux fins de notre être, pas un mot : jamais ontologie ne fut plus concise et plus cavalière.
La science du gouvernement, poursuit M. Owen, consiste à fixer sur des bases rationnelles, la nature de l’homme et les conditions requises pour le bonheur. Ainsi, un gouvernement rationnel doit proclamer d’abord la liberté absolue de la conscience, l’abolition de toute récompense et de toute peine, sources de nos inégalités sociales, enfin l’irresponsabilité complète de l’individu, en tant qu’esclave de ses actes. Si un homme fait mal, ce n’est pas à lui qu’il faut s’en prendre, d’après M. Owen, mais bien aux circonstances fatales dont il a été entouré. Un coupable est un malade, et si sa maladie devient dangereuse pour la société, qu’on ouvre un hôpital en faveur des moralités souffrantes. Du reste, quand le milieu actuel sera changé, quand les circonstances environnantes seront telles qu’un homme n’aura à s’inspirer que du bien, et quand le bien portera en lui son attrait, de tels cas de maladie seront rares. Le gouvernement rationnel y pourvoira d’ailleurs avec un Charenton ou un Bedlam. Il aura aussi à régler les choses de telle sorte que chaque membre de la communauté soit toujours pourvu des meilleurs objets de consommation, en travaillant selon ses moyens et selon son industrie. Dans la communauté, l’éducation sera la même pour tous, invariable, uniforme, dirigée de manière à ne faire éclore que des sentimens vrais et libres dans leur émission, conformes surtout aux lois évidentes de notre nature. Sous de telles conditions, et à l’aide de ces circonstances, la propriété individuelle deviendra inutile : l’égalité parfaite, la communauté absolue, deviendront les seules règles possibles de la société. Tout signe représentatif d’une richesse personnelle sera aboli, comme sujet à accaparement. La communauté suppléera la famille. Chaque communauté de deux à trois mille ames alimentera des industries combinées, agricoles et manufacturières, de