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DE LA COLLECTION
DE
DOCUMENS INÉDITS
SUR L’HISTOIRE DE FRANCE,
PUBLIÉE PAR LE MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Quand, au milieu des préoccupations politiques de notre temps, on relit les vies si calmes des savans du XVIIe siècle, comme Ducange et les Sainte-Marthe, quand on parcourt surtout l’Histoire littéraire des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, et qu’avec dom Tassin on suit, étonné, ces grands et saints religieux, Calmet, Mabillon, Montfaucon, Rivet, dans leur existence si uniforme, dans leurs travaux immenses et si variés, on se demande, avec doute, si les vastes recueils d’érudition sont encore possibles, au sein de la vie brisée et sans persistance que nous ont faite les événemens ; on se demande si, avec des conditions bien plus favorables pour écrire l’histoire, nous ne sommes pas dans des conditions moins opportunes pour en préparer les matériaux ? Oui, les grands monumens historiques sont devenus très difficiles, je ne veux pas dire impossibles, à accomplir, et pour tenir lieu de cet appui instantané que les congrégations savantes trouvaient sur tous les points de la France dans les moines de leur ordre, il faudrait une union que l’amour-propre et la mutuelle envie des gens de lettres rendent essentiellement chimérique.

Comment donc remplacer intellectuellement, pour la patience, le désintéressement et la continuité pieuse des recherches ; comment remplacer matériellement, pour l’organisation et l’ubiquité des travaux, pour les ressources