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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 14.djvu/535

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LETTRES SUR L’ÉGYPTE.

longueur de quinze à seize lieues, de l’est-nord-est à l’ouest de Tarsous. La houille a été trouvée, par la sonde, à quarante pieds de profondeur, dans une couche de schiste bitumineux. Mais malheureusement cette houille est d’une qualité très inférieure, et peu propre aux usages de l’industrie. Déjà, depuis 1833, alors que Mohammed-Ali, vainqueur du sultan, réclamait, dans les négociations diplomatiques, la cession de la province d’Adana, riche en bois et en mines, il était sous la préoccupation de ses pensées industrielles. Maître de cette province, il y fit faire des recherches minéralogiques. On y constata l’existence de huit mines déjà exploitées et fournissant différens métaux[1]. On évalua à vingt le nombre de hauts-fourneaux qui pourraient être établis, à cent cinquante mille quintaux la fonte qu’ils pourraient produire annuellement, à douze ou quinze millions de piastres les valeurs métalliques que la province pouvait donner chaque année. Jusqu’à présent, ce qui a entravé et différé les projets de Mohammed-Ali, c’est l’état de qui vive continuel sur la frontière de Syrie et les révoltes périodiques des habitans. Voilà pourquoi il est pressé d’en finir, même par la guerre. Si plus de stabilité lui permettait d’exécuter ses projets, l’Égypte rentrerait alors dans sa spécialité agricole ; l’industrie manufacturière serait établie en Syrie ; les deux contrées se compléteraient industriellement, l’une plus spécialement vouée à l’industrie agricole et chimique, l’autre plus spécialement adonnée à l’industrie manufacturière et mécanique. C’est ainsi que se réaliserait ce que nous avons dit touchant les destinées industrielles de l’Égypte.


Aug. Colin
  1. — 1. Dans la province de Cozan-Oglou, le minerai de fer (hydroxide de fer) de Manzerli, en exploitation depuis long-temps, a donné 59 pour 100 en bonne gueuse. Le fer qu’on en obtient est de très bonne qualité.

    2. Le minerai (péroxide de fer) de Corumgi, dont l’exploitation est également ancienne, a donné 62 pour 100 en bonne gueuse. Le fer en est aussi très bon.

    Ces deux mines approvisionnent Cozan-Oglou et une partie de la province de Marach.

    3. À Emi-d’Epezi, un minerai, dont l’extraction est abandonnée, faute de bras, a produit, sur des essais en grand, 75 pour 100 en excellente gueuse. Le fer en est toujours de première qualité.

    4. D’autres mines en exploitation près d’Adana et de Tarsous, qu’elles approvisionnent de fer pour instrumens aratoires, fers de cheval et clous, ont donné jusqu’à 60 pour 100 en bonne gueuse. La nature du minerai est la même que celle de Cozan-Oglou.

    5 et 6. Cette principauté a en outre deux mines de plomb sulfuré argentifère, dont les échantillons ont donné, l’un 42 pour 100 de plomb et 2/1000 d’argent, l’autre 29 pour 100 de plomb et 4/1000 d’argent.

    7. Aux environs de Corumgi, des échantillons extraits d’une mine de cuivre sulfuré avec cuivre carbonaté, ont donné 15 1/3 pour 100 de cuivre et 1/1000 d’argent aurifère.

    8. Près du village nommé Manca, des échantillons de cuivre pyriteux (sulfure de cuivre et fer) ont donné 25 pour 100 de cuivre avec des traces d’or.