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ne veut pas que la Belgique paie sa part de la dette hollando-belge ; l’autre, tout national, qui ne veut pas céder un pouce du territoire, tel qu’il se trouve aujourd’hui, grace à la non-exécution du traité du 15 novembre 1831.

Que veut donc la Belgique ? Sans doute, elle n’a pas l’intention de faire la guerre à la Hollande. La situation industrielle des deux pays éloigne toute idée de ce genre, celle de la Belgique surtout, qui a engagé ses capitaux dans des entreprises qu’on peut regarder comme prodigieuses, vu l’étendue de cet état, et qui redeviendrait, au premier coup de canon, ce qu’elle a été trop souvent par malheur pour elle, le champ de bataille des avant-gardes de toutes les nations. Il s’agit donc simplement de débattre un traité qui ne convient plus aujourd’hui à la Belgique, et d’en changer les conditions. Or, ce serait partir d’une très mauvaise base pour asseoir des négociations que de rejeter 24 articles d’un traité qui n’en a que 26, que d’en repousser le principe et le fond, et de ne vouloir en remplir ni les conditions territoriales ni les stipulations financières. Beaucoup de choses sont en question par l’effet même du traité du 15 novembre et de ses annexes, et il serait plus que malhabile, de la part de la Belgique, de rompre toute discussion par un refus pur et simple d’adhésion à ce traité en vertu duquel elle existe. En effet, l’article 26 du traité du 15 novembre est un véritable traité de paix entre la Belgique, la France, l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse et la Russie. N’est-ce donc rien que cet article, surtout quand on se reporte à la date du traité, et quand on songe que peu de mois auparavant, et sans M. de Talleyrand, qui insista pour transporter la conférence à Londres, et rendre ainsi la question anglo-française, de franco-anglaise qu’elle était, la réunion des plénipotentiaires aurait eu lieu à Paris, où il avait déjà été parlé, dans le cabinet même des affaires étrangères, du partage de la Belgique entre la France et deux autres puissances ? On voit bien qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer du côté de la Belgique, et de penser que ce gouvernement pourrait troubler l’Europe par des prétentions qui seraient exagérées, et qui serviraient mal les intérêts actuels de ce pays. Le parti national, s’il est vraiment national, comprendra cette nécessité, et s’y soumettra sans nul doute.

Nous tiendrons le même langage au sujet de la Hollande, qui se préparerait, disent encore quelques journaux mal informés sans doute, à se mettre en possession, par la voie des armes, de ce qui lui appartient. Le traité du 15 novembre 1831 a été suivi de deux conventions conclues et signées également à Londres, les 22 octobre 1832 et 21 mai 1833. La convention du 22 octobre a été conclue entre la France et l’Angleterre. Elle était relative à l’évacuation des territoires assignés à la Belgique et à la Hollande par le traité du 15 novembre. La France et l’Angleterre s’engageaient à requérir le roi des Belges de retirer ses troupes du territoire des Pays-Bas, et le roi de Hollande à évacuer le territoire belge. Les deux puissances contractantes devaient faire opérer, par la force, cette double évacuation, si elle n’avait pas lieu dans les délais fixés, délais d’ailleurs très courts (du 22 octobre au 2 novembre suivant). La convention que nous citons n’a donc pas été entièrement exécutée. Le siége d’Anvers n’en était que l’exécution partielle, et l’Angleterre