fier aux dieux, ils voulurent les abolir. Le partage de la puissance politique avec les païens ne les contenta plus ; ils voulurent prendre tout le pouvoir, parce que Dieu leur avait donné toute la vérité. La nouvelle capitale du monde fut troublée par des cupidités d’emplois et de richesses, qui n’étaient ni plus pures ni moins violentes que les convoitises païennes.
Toutefois à Constantinople c’était l’empereur qui régnait, sans doute au milieu des évêques et des prêtres, et dans l’intérêt du culte nouveau ; mais enfin le pouvoir avait sa plus haute expression dans une autorité laïque et profane. Or, durant le développement des intrigues et des factions byzantines, une autre puissance s’élevait sur un autre théâtre, d’autant plus librement qu’elle était moins aperçue, la puissance de l’évêque de Rome.
La chute de l’empire d’Occident laissait, à la fin du ve siècle, l’Italie sans direction politique et sans défense contre les Barbares. Sous Justinien, Narsès rétablit un instant la souveraineté de Constantinople sur la péninsule ; mais cette souveraineté, plus nominale que réelle, fut réduite par les Lombards à la possession souvent disputée de l’exarchat de Ravenne. En réalité, l’Italie était abandonnée à elle-même par Byzance, devenue incapable de la garder et de la défendre.
Rome, si elle n’était plus la reine du monde, était toujours l’ame de l’Italie, et elle reprenait peu à peu de la vigueur morale sous l’autorité nouvelle de son évêque, dont l’unité élective servait de contrepoids heureux aux formes municipales et républicaines. C’était vers l’épiscopat romain que se tournaient tous les regards ; on lui imposait le devoir de défendre l’Italie. Dans cette situation, l’épiscopat ne montra pas dès l’origine la pensée d’une révolte ouverte contre Constantinople, et les évêques se réunissaient plutôt aux exarques contre les Lombards, qui étaient Ariens. Mais les folles entreprises des empereurs contre le culte des images poussèrent presqu’en dépit de lui l’épiscopat romain à la séparation et à l’indépendance. D’un autre côté, les rois lombards ne comprirent pas que leur établissement en Italie dépendait autant de leur bon accord avec l’évêque de Rome que de leur adhésion entière à la foi catholique, et ils furent tout ensemble pour les Romains un fléau et un scandale. Entre le Grec et le Lombard, le chef de Rome, je veux dire son évêque, fut conduit à chercher hors de l’Italie un protecteur, un bras puissant, et la race des Francs austrasiens lui parut la meilleure pour lui servir de tutrice et de bouclier.
Quand les évêques romains se mirent à appeler à leur secours la