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nication d’Henri IV, et il fit passer aux ligueurs un secours mensuel de 15,000 scudi ; c’était l’argent de Sixte-Quint.

Clément VIII, le dernier des papes du xvie siècle, inclinait à la politique que l’illustre Montalte se préparait à embrasser quand il mourut ; il ne répugnait pas à absoudre Henri IV, mais il ne pouvait offenser brusquement les Espagnols ; il craignait d’ailleurs d’être trompé, et redoutait un retour au protestantisme de la part du roi de France ; enfin il s’enhardit et prononça la suprême absolution. Henri IV témoigna sa reconnaissance au pape en l’aidant à confisquer le duché de Ferrare.

Le xviie siècle voit décroître l’individualité des papes, et le pontificat, dans les progrès de sa décadence, n’a plus même à nous offrir, pour dédommagement, la grandeur personnelle de ses élus. Paul V régna comme un docteur en droit canon, à l’esprit étroit et obstiné. Il eut l’imprudence de provoquer de la part de Venise l’explosion de tout ce que cette république avait pour Rome de dédain et d’antipathie ; les jésuites furent bannis de la ville et des états de saint Marc, et l’orgueil pontifical fut heureux de s’abriter sous la médiation d’Henri IV. Grégoire XV établit la propagande et canonise Ignace et Xavier. C’est un des papes que les intérêts spirituels du catholicisme ont le plus animé. Missions et conversions l’occupèrent. Urbain VIII, au contraire, n’eut que de l’ambition politique ; il dut subir l’ascendant du cardinal de Richelieu, qui se servait de la papauté sans vouloir la servir ; il fut presque l’allié de Gustave-Adolphe, qui abattait la puissance autrichienne ; et il ne fallut rien moins que l’entrée des Suédois à Munich, pour le ramener à la cause de l’empereur et du catholicisme. La cour d’Innocent X offrit les mêmes scènes que le palais des empereurs à Byzance, favoritisme, intrigues de boudoir, domination d’une femme. Innocent lança une bulle impuissante contre la paix de Munster. Les contemporains d’Alexandre VII ont déploré son incapacité politique : c’est lui que Louis XIV contraignit à d’humiliantes réparations. Après Clément IX et Clément X, Innocent XI lutta contre le grand roi avec une énergie qui a fait penser à quelques-uns qu’il s’entendait secrètement avec Guillaume d’Orange. Le xviie siècle finit par le pontificat d’Innocent XII, qui termina les différends avec l’église gallicane.

« C’est la force dans toute la grandeur et l’énergie de son allure qui fixe l’attention, dit M. Ranke ; aussi n’avons-nous pas le dessein de peindre les dernières périodes de l’histoire de la papauté. » Le xviiie siècle, en effet, nous montre les effigies papales encore plus