force ? La France a éprouvé quelques changemens depuis ce temps-là, il est vrai ; elle a assuré sa domination en Afrique, elle a fait respecter son pavillon sur toutes les mers ; elle maintient, dans ce moment même, la paix en Orient par l’attitude qu’elle a prise de concert avec l’Angleterre ; elle venge les insultes faites à quelques-uns de nos citoyens, au Mexique et à Buenos-Ayres. Sans nul doute, un ministre des affaires étrangères aurait bien mauvaise grâce à parler haut, quand le pays au nom duquel il parle est si peu florissant que le nôtre et dans de si tristes conjonctures ! La situation actuelle de la France ne lui permettrait pas de débattre ses intérêts avec la Prusse, par exemple, avec la Prusse, qui n’a que deux petits embarras, les catholiques du duché de Posen et ceux des bords du Rhin, et dont le territoire n’est ainsi qu’une longue route qui mène à deux provinces où tout bouillonne contre son administration ? Mais la Prusse voit, nous en sommes sûrs, les affaires de la Belgique et la conduite de la France d’un autre œil que ne le fait le correspondant de la Gazette d’Augsbourg, qui n’est peut-être qu’un légitimiste de Paris. La Prusse sait bien que le respect de la France pour les traités n’est pas de la faiblesse ; et, si elle prend quelques précautions militaires, ses embarras intérieurs les motivent assez pour que la France n’en recherche pas la cause. La France, qui a su triompher des factions, et faire dominer dans son sein les idées d’ordre, n’a pas à s’inquiéter de ce qui se passe en Prusse. C’est dans la conférence de Londres, où la France et l’Angleterre marchent d’accord, que se décideront les affaires de la Belgique et de la Hollande. La Gazette d’Augsbourg et ses correspondans, peuvent être assurés que les représentans de la France n’y démentiront pas le langage de M. Molé à la tribune, et que ce langage n’a pas été plus un moyen constitutionnel qu’il n’a été une faute politique. La France insiste pour que le traité des 24 articles soit révisé sous le rapport financier, et pour que l’occupation du territoire concédé à la Hollande par ce traité, soit subordonnée à la première question ; en d’autres termes, pour que le statu quo ne soit pas changé avant l’arrangement de la question de finances, et la ratification de cet arrangement par les deux parties. Or, cette difficulté amènera de longues négociations, car il paraît que le roi de Hollande se refuse à la modification d’aucun des articles du traité. Des deux parts, en Belgique et en Hollande, il y aura un double recours aux chambres et aux états-généraux, outre que la conférence aura de longs et grands travaux à faire pour s’éclairer. D’ici là, ni la France, ni la Prusse, ni aucune autre puissance ne sera appelée à décider de l’affaire hollando-belge, qui se résoudra d’un commun accord, ou qui restera dans le statu quo où elle est à cette heure. Voilà ce qu’on sait à Londres, à Paris, et sans doute à Berlin, où l’on est loin de dédaigner la force et la puissance de la France, comme on affecte de le faire dans les bureaux de la Gazette d’Augsbourg.
Les escadres combinées de la France et de l’Angleterre, surveillent à la fois le sultan et le pacha, Alexandrie et Constantinople. L’escadre du grand-seigneur, composée de cinq vaisseaux de ligne, de sept frégates et de six