corvettes, opposée à celle du vice-roi qui compte huit vaisseaux de ligne, quatre frégates et quatre bricks, sont contenues par l’escadre française, qui ne compte que trois vaisseaux et trois bricks. L’escadre de l’amiral Stopford n’ayant pas encore paru dans les mers d’Orient, la France défend donc encore la paix de l’Europe de ce côté, et si, contre son attente, on ne pouvait éviter une rencontre entre les deux puissances ennemies, la paix publique serait encore maintenue, même après cette affaire, et cela par la volonté de la France et de l’Angleterre. Qu’on se reporte maintenant au rôle que la France jouait, ou plutôt au rôle qu’elle était censée jouer en Europe, il y a quelques années, aux accusations qui pleuvaient sur elle ! C’était la France qui excitait tous les troubles en Europe. Elle soulevait la Belgique, la Pologne ; elle excitait l’Allemagne, l’Italie ; son besoin était la guerre, le renversement de tout ce qui existe, c’était la condition de son existence politique ; il fallait périr ou tout détruire autour de soi. Les intérêts de la France ont bien changé, à ce qu’il nous semble. Si la paix est durable, l’avenir est pour nous ; si pendant quelques années encore la France peut donner à l’Europe l’exemple de l’ordre avec la liberté, la cause des gouvernemens constitutionnels contre celle des gouvernemens absolus sera gagnée. C’est une grande expérience que celle qui se fait en ce moment. C’est à qui promettra le plus de sécurité et de prospérité aux peuples, des monarchies représentatives ou des autocraties, et l’espèce d’inquiétude que montrent ces dernières, leur désir secret d’amener quelque brusque changement, disons le mot, quelque collision ailleurs que sur leur territoire, où tout peut s’enflammer, tout prouve que la balance pourrait bien pencher en faveur de nos institutions, et entraîner toute l’Europe de ce côté, si nous avons encore quelques années de paix. C’est donc à nous d’employer toutes nos forces et toute notre énergie à la conserver, et quoi qu’en dise la Gazette d’Augsbourg, ce ne sera ni une faiblesse ni une faute de la part des ministères qui comprendront ainsi la politique de la France.
Du côté de l’Espagne, le découragement a déjà gagné les amis et les partisans de don Carlos. Le parti de Munagorri prend chaque jour plus de consistance, et pendant ce temps, on proteste à Gênes et à Amsterdam les traites du prétendant. Une négociation d’emprunt pour un million vient d’échouer à Paris et à Londres. Tout fait donc croire que la lutte où don Carlos s’est engagé, se terminera bientôt par son expulsion de l’Espagne, et, grâce à Dieu ! sans une intervention militaire de la part de la France.
En Suisse, des négociations actives sont ouvertes au sujet du jeune Louis Bonaparte dont les tentatives multipliées doivent exciter, sinon l’inquiétude, du moins l’attention du gouvernement français. Il nous semble difficile que la confédération ne prenne pas une décision à ce sujet, et la nature des questions qui lui sont adressées, ne lui permet pas de répondre autrement que d’une manière catégorique. Si M. Louis Bonaparte est citoyen de la confédération helvétique, lui dit-on, la France, en qualité d’alliée de la Suisse, a le droit d’exiger que le gouvernement helvétique veille sur les démarches