quelques jours après sa formation. D’ailleurs le parti doctrinaire était alors en vive hostilité avec le tiers-parti, et c’était ameuter tout ce côté de la chambre contre le ministère que de donner lieu de croire que le gouvernement marchait avec les doctrinaires et s’entendait secrètement avec eux.
Puis, quand ils virent que le ministère du 15 avril se consolidait, quand des actes importans ne permirent plus de vivre, même en apparence, avec lui sur le pied de protection, les doctrinaires passèrent à l’opposition ouverte. On attaqua toutefois le ministère avec une sorte de franchise. On l’accusa de donner trop aux idées de la gauche, de compromettre le pouvoir, de transiger avec les idées révolutionnaires. On fit une sorte de torysme contre ce ministère whig, espérant toujours que quelque catastrophe, quelque trouble dans le pays, rendrait nécessaire le retour du parti qui se donnait pour le parti de l’ordre, de la répression et de la conservation.
Les troubles n’arrivèrent pas. Il n’y eut pas une seconde échauffourée de Strasbourg, point de tentatives contre la personne royale, point d’émeutes, point de conspirations, à moins de donner ce nom à quelques-uns de ces stupides conventicules où l’on discute les principes républicains tout en fabriquant des cartouches, ou à la déplorable affaire Hubert. Au contraire, la France devint chaque jour plus calme et plus florissante ; toutes les idées se tournèrent vers le commerce, l’industrie, les améliorations matérielles. Le moment d’exécuter les chemins de fer se présenta enfin ; on songea à les combiner avec de grandes lignes de canaux, avec le perfectionnement des ports et l’amélioration du système des routes. Le parti doctrinaire vit tout de suite qu’un ministère qui, après avoir pacifié le pays, se mettrait à en changer ainsi la face, resterait sans doute long-temps aux affaires. Ce fut le moment où il se rapprocha du tiers-parti pour tout entraver, et arrêter les grandes entreprises qui se préparaient. L’extrême gauche se trouva naturellement de cette opposition, et les doctrinaires se crurent arrivés un instant à leur but. Les chemins de fer par l’état étaient repoussés, la loi des canaux compromise, tous les travaux projetés avaient contre eux les commissions où figuraient les membres des partis coalisés. Déjà on composait un cabinet de centre gauche où les doctrinaires auraient eu quelques portefeuilles qu’ils croyaient avoir bien gagnés, quand la monstruosité de cette alliance frappa la chambre, qui repoussa presque tous les projets des commissions, et finit par s’entendre avec le ministère. Un grand obstacle s’était alors révélé aux doctrinaires ; c’était la difficulté presque insurmontable de s’entendre politiquement avec les partis auxquels ils s’étaient ralliés.
Ce fut alors que les principes changèrent dans le parti doctrinaire, et qu’après avoir long-temps déploré, en termes bien vagues, l’anéantissement et l’abaissement du pouvoir, il emprunta aux journaux de la gauche, le vieux thème de la présidence réelle et de la distinction entre régner et gouverner. Or, sur cette route, la pente est rapide, et aujourd’hui, les doctrinaires en sont à réclamer la réforme des lois de septembre ! Aussi, M. Fonfrède, leur ancien ami, s’écrie-t-il douloureusement dans un de ses derniers articles : « Je vous